Des inondations, des dégâts matériels considérables, des pertes en vies humaines ont entre autres été les corolaires de la saison pluvieuse cette année en Guinée. Ces fortes précipitations enregistrées à Conakry mais également dans plusieurs villes de l’intérieur du pays peuvent-elles découler des conséquences directes du réchauffement climatique ? Nous avons posé la question à Dr Magbini Tokpa Mamy, Enseignant-chercheur à l’Université de N’zérékoré, Dr en Sciences de l’atmosphère et du climat.
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Ledjely : Nous l’avons constaté partout en Guinée. Cette année, la saison des pluies est accompagnée d’inondations. Et même des pays voisins, notamment ceux du Sahel ne sont pas épargnés. Comment vous l’expliquez ?
Dr Magbini Tokpa Mamy : De fait, le constat devient plus palpable. Ici, je veux faire allusion aux conséquences dues aux comportements des hommes. Il y a longtemps que des scientifiques du domaine parlent de ce qu’on appelle le réchauffement climatique. Sur le plan global, beaucoup ne croit pas à ce phénomène de réchauffement climatique. Beaucoup pensent aussi que c’est un phénomène naturel qui devait arriver. Cependant, les scientifiques ont démontré aujourd’hui que c’est sous l’effet de l’homme. Ce phénomène de réchauffement climatique pour ceux-là qui ne sont pas spécialistes, c’est complexe mais pour les spécialistes c’est facile à comprendre.
Est qu’est-ce qui concrètement est à la base de ce réchauffement climatique ?
A la base, le réchauffement climatique dont nous parlons, c’est quelque chose de naturel. Mais le niveau que nous avons atteint aujourd’hui n’est plus naturel. C’est dû aux comportements des hommes. L’atmosphère dans laquelle nous vivons qui est une enveloppe gazeuse se réchauffe à partir de l’énergie solaire. C’est-à-dire, quand le soleil émet ses rayons, ils traversent l’atmosphère avant d’arriver à la surface de la terre. Ces rayons qui traversent l’atmosphère sont appelés scientifiquement des courtes d’ondes. Ce sont des rayons qui ne sont pas chargés d’énergie chauffante. Mais lorsque qu’ils tapent la surface de la terre, la terre aussi en consomme une partie. Elle aussi à son tour rayonne. C’est ce rayonnement de la terre qui est la longueur d’onde, porteuse de chaleur. Alors, lorsque ce rayonnement-là se retourne vers l’espace, il y a ce qu’on appelle les composantes de l’atmosphère qui consomment cela et en plus ça bloque le passage de ces rayons-là. Et lorsqu’ils sont bloqués, ils retournent encore à la surface de la terre. Ce qui fait que ça se chauffe. Alors, la température augmente. C’est un phénomène climatique qui prend du temps. Mais du point de vue de la météo, c’est très rapide. Climatiquement, il s’agit des moyennes températures qui augmentent. C’est ce qui fait qu’on parle actuellement de réchauffement climatique. C’est-à-dire le temps se réchauffe, la température s’élève. Ce réchauffement est dû au gaz qu’on appelle gaz à effet de serre, produit par l’action de l’homme (les usines, les véhicules, motos, les machines etc). Tous émettent beaucoup des gaz dont le CO2 par exemple, ce gaz qui est le principal gaz à effet de serre, émis par l’homme. Naturellement, c’est un composant de l’atmosphère. Mais aujourd’hui, avec le taux de ce gaz-là et d’autres gaz dans l’atmosphère, on en est au seuil critique. Ces gaz-là sont trop élevés dans l’atmosphère. C’est ce qui fait que la température s’élève. C’est ça le réchauffement climatique. Donc, les inondations que nous enregistrons aujourd’hui, ne sont qu’une conséquence de ce qu’on appelle le réchauffement climatique.
Si c’est l’homme qui est à la base de ce réchauffement climatique et donc de ces inondations, on imagine bien qu’il y a des solutions pour inverser les choses ?
Je voudrais insister sur le fait que les inondations que nous enregistrons aujourd’hui ne sont qu’une conséquence de ce qu’on appelle le réchauffement climatique. Sinon à part ça, il y a beaucoup d’autres phénomènes qui se passaient avant. Mais aujourd’hui, ils sont fréquents. Par exemple la sécheresse. Pour ce qui nous intéresse notamment la forte pluie, vous savez l’eau est un élément très important de l’atmosphère. Si on parle de vent, de tempête, tout ceci sont liés à l’élément principal composant de l’atmosphère qui est la vapeur d’eau. Et comment cette vapeur d’eau entre dans l’atmosphère ?
Si nous prenons la surface aquatique, quand elle reçoit l’énergie, elle dégage et libère des molécules de vapeur d’eau. Donc, cette eau-là, entre dans l’atmosphère. Et la température diminue. Donc, la température est plus basse en altitude qu’en surface de la terre. Alors cette vapeur montant dans l’atmosphère, se refroidit, se condense et devient ce qu’on voit au ciel qu’on appelle nuage. Ces nuages-là précipitent c’est-à-dire ces gouttelettes d’eau étant formées et atteignant une certaine masse, elles rechutent et tombent. La quantité de la pluie qui tombe dépend de la quantité de nuages qui se forment dans le ciel. Ce qui fait que ça pleut beaucoup c’est parce que l’atmosphère s’échauffe beaucoup. Alors pour pallier à ce problème, chacun a son rôle à jouer. Lorsque nous prenons sur le plan mondial, notre continent a très peu contribué au réchauffement climatique. Pourquoi ? Parce que l’Afrique n’est pas industriellement développée. Mais paradoxalement, l’Afrique subit plus de conséquences. Si nous prenons le cas spécifique de la Guinée, il y a beaucoup de paramètres qui entrent en jeu que tout le monde connaît. Il s’agit de la mauvaise gestion des ordures, la construction anarchique, le non curage des lits d’eau etc. Pour éviter le réchauffement climatique qui a pour conséquence des inondations, il faut qu’on arrête d’agresser l’environnement, qu’on arrête de le polluer, éviter des constructions anarchiques, mettre en place une bonne politique de gestion des ordures. Ce que nous devons retenir, c’est que chaque année, le phénomène de réchauffement climatique ne fera qu’augmenter.
Propos recueillis par Niouma Lazare Kamano.