Leur statut d’espèce protégée ne fait des chimpanzés de Bossou des animaux inoffensifs. Tout au contraire, très souvent, on rend compte d’agressions que les riverains subissent de leur part. Et c’est ce qui est arrivé hier encore quand un d’entre eux s’en est pris à une nourrice dont il a mortellement blessé le nourrisson de 8 mois. Remontée, la population s’est violemment attaquée à l’Institut de recherche environnementale de Bossou.
Joint au téléphone, le président de la Délégation spéciale de Bossou rend compte des circonstances du drame. A en croire Michel Gomada Koïba, dans la matinée d’hier vendredi, la femme, en compagnie de ses deux enfants, a entrepris de se rendre sur son champ de manioc, comme il en l’habitude du reste. Un champ situé à 3 km de Bossou centre et qui, en principe, ne se trouve pas dans la zone sous menace des chimpanzés. Une fois à son champ, le nourrisson de 8 mois au dos et le plus âgé rodant à côté, s’est mise à arracher les tubercules de manioc. « Pendant qu’elle était courbée, elle a senti comme si quelqu’un voulait arracher son enfant au dos. Le temps pour elle de se redresser et se tourner, que voit-elle ? Un chimpanzé. C’est ainsi qu’une lutte farouche a commencé entre la dame et le chimpanzé à propos de l’enfant », explique Michel Gomada Koïba.
Au cours de la bataille, poursuit M. Koïba, « le primate a réussi à mordre la dame au niveau de son bras gauche. Avec cette douleur, elle n’a pas récupéré son enfant et le chimpanzé a fui avec le bébé. Redoutant que le même sort arrive à l’autre enfant, elle l’a pris et parcouru à nouveau les 3 kilomètres pour venir alerter le village. Du coup, on a mobilisé la jeunesse pour aller à la recherche. Quand les gens se sont rendus là-bas, c’était trop tard. Le chimpanzé avait déjà tué le bébé ».
A plusieurs égards, ce drame interloque au sein de la communauté de Bossou. « Ce que nous avons trouvé est horrible. Le cœur, le foie et les intestins (de l’enfant) étaient arrachés. Cependant, les chimpanzés ne sont pas carnivores », souligne ainsi une jeune qui a pris part à la recherche du nourrisson.
Quant au président de la Délégation spéciale, il tient le compte. « De janvier 2024 à maintenant, c’est le 7 cas d’agression de la part de ces animaux sur les citoyens. Mais la plus grave, c’est celle d’aujourd’hui. Sinon dans le passé, ils s’attaquaient aux gens et les blessaient. Là où l’enfant a été tué n’est pas une zone interdite. Les gens ont l’habitude de faire des champs là et il n’y avait pas de menace par là-bas ».
Pour manifester sa colère, la population est allée mettre le feu à certains bâtiments de l’Institut de recherche environnementale de Bossou (IREB). Il a fallu l’intervention des forces de sécurité de Lola pour calmer la situation.
Le corps du bébé – une fillette – a été inhumé aux environs de 17 heures.
Niouma Lazare Kamano, correspondant régional pour ledjely.com