2 octobre 1958-2 octobre 2024, il y a 66 ans de cela, la Guinée accédait à sa souveraineté nationale, à la suite du rejet de la proposition de la communauté franco-africaine du général Charles de Gaule. Cette date symbolique du 2 octobre, Pé Mamadi Bamy en a quelques souvenirs. L’ancien maire de N’zérékoré, alors âgé de 13 ans, entrait tout juste d’entrée au collège, après avoir décroché l’examen d’entrée en 7ème année. Et c’est non sans émotion qu’il raconte cette journée désormais sacrée dans l’histoire de la Guinée.
Aujourd’hui âgé de 79 ans, Pé Mamadi Bamy est un enseignant à la retraite. Ce 1er octobre, à la tombée de la nuit, il nous reçoit sous sa terrasse, coiffé de son chapeau. Ses souvenirs des périodes de l’indépendance de la Guinée, sont fortement associés à son oncle, Gnan Balah Traoré, alors responsable du PDG-RDA. « On les voyait monter et descendre, dans le cadre de la campagne du parti. Et en 1958, il nous a dit qu’il y avait vote à Diécké et que tout le monde devait se rendre là-bas pour voter. Nous on se demandait ça veut dire quoi ? Puis, ils sont partis, quatre jours après, il revient à minuit et nous réveille. Il dansait en nous disant : ‘’nous sommes devenus indépendants’’ ».
Trop petit pour comprendre ce que ce mot ‘’indépendance’’ voulait dire, Pé Bamy demande alors à son oncle. « Avant c’étaient des Blancs qui nous commandaient chez nous ici. Maintenant ça sera les noirs, c’est-à-dire, nous allons nous commander entre nous », lui répond alors son oncle.
A son âge, pas sûr que cette réponse l’ait davantage aidé à comprendre tout le sens de l’indépendance. N’empêche que c’était suffisant pour que, se joignant à son oncle et aux autres, il se mette lui aussi à danser et à célébrer cette indépendance. « Comme il dansait, nous aussi on s’est mis aussi à danser avec lui. C’était vraiment de la joie. On ne connaissait même pas c’était quoi l’indépendance », avoue-t-il.
Il se souvent aussi qu’à cette époque, la célébration du 2 octobre, c’était une affaire de tout le monde. « A la veille de la fête du 2 octobre, les crieurs publics, passaient de porte à porte pour dire c’est demain la fête et on se mettait en joie. Le matin, on se regroupe et on vient au chef-lieu d’arrondissement qui était Diécké. C’est là qu’on se regroupait pour faire le défilé. C’était vraiment de la joie. Les élèves étaient habillés en kaki. Dès la rentrée, on préparait les élèves au défilé. Au-delà des défilés, il y a des discours d’information et de sensibilisation sur la conscience patriotique. Ça fait que le guinéen est resté très soudé », se souvient-il.
Soixante-six ans après, Pé Mamadi Bamy appelle les Guinéens à cultiver l’unité au-delà des clivages. « Pour la mémoire de martyrs qui se sont battus pour cette indépendance, on doit faire aujourd’hui un sursaut national pour se mettre au-dessus de nos clivages éthiques, politiques ou régionalistes, pour le bien être de ce pays. Que la célébration de la fête du 2 octobre, soit un moment d’union, de pardon et d’acceptation mutuelle entre les Guinéens », recommande-t-il
Niouma Lazare Kamano, correspondant régional pour ledjely.com