À l’instar du Bitcoin, le plus connu d’entre eux, les cryptoactifs, communément appelés « cryptomonnaies », ont été conçus comme des instruments d’échange dans le monde numérique. Contrairement aux monnaies traditionnelles, elles fonctionnent de manière décentralisée grâce à la technologie blockchain. Bien que leur adoption en Guinée soit encore limitée, elles attirent de plus en plus de jeunes, notamment de la diaspora, à la recherche de nouvelles opportunités économiques. Dans une interview accordée à Ledjely.com, Dr Patrice Loua, spécialiste en cryptomonnaie et l’un des promoteurs du Limocoin et du Simcoin en Guinée et en Afrique de l’Ouest, est revenu sur les avantages, les risques et les enjeux réglementaires qui entourent cet univers en pleine expansion.
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Ledjely : Qu’est-ce que la cryptomonnaie ?
Dr Patrice Loua : La cryptomonnaie est une forme de monnaie numérique ou virtuelle qui utilise la cryptographie pour sécuriser les transactions. Contrairement aux monnaies traditionnelles émises par les gouvernements, la cryptomonnaie est décentralisée et repose sur une technologie appelée blockchain (une base de données qui contient l’historique de tous les échanges effectués entre ses utilisateurs depuis sa création, sécurisée et distribuée). Parmi les cryptomonnaies les plus populaires, on trouve le Bitcoin, l’Ethereum, le Litecoin, ainsi que le Limocoin, que nous promouvons activement.
Qu’est-ce que la technologie blockchain, plus concrètement ?
La blockchain est une technologie de registre distribué qui enregistre les transactions de manière sécurisée et transparente. Chaque bloc de données est relié au précédent, formant ainsi une chaîne. Cette technologie est utilisée pour valider et consigner les transactions de cryptomonnaies sans nécessiter d’intermédiaire, ce qui rend les données immuables et extrêmement difficiles à altérer.
Quelle est la différence entre la cryptomonnaie et la monnaie fiduciaire ?
La cryptomonnaie est une monnaie réelle, mais elle se distingue de la monnaie fiduciaire principalement par sa forme et sa régulation. Les monnaies comme le franc guinéen, l’euro ou le CFA sont centralisées et contrôlées par les banques centrales et les gouvernements. En revanche, la cryptomonnaie fonctionne de manière décentralisée, sans contrôle direct d’une autorité centrale. Il est possible de convertir les cryptomonnaies en monnaie fiduciaire via des plateformes comme Binance, Coinbase ou Izichange.
Quelle est aujourd’hui l’étendue de la cryptomonnaie et à quelle proportion situerez-vous les Guinéens qui y recourent ?
La cryptomonnaie connaît une expansion mondiale avec des millions d’utilisateurs. En Guinée, bien que son adoption soit encore limitée par rapport à d’autres pays, de plus en plus de jeunes et de membres de la diaspora s’y intéressent, y voyant une opportunité de générer des revenus. Toutefois, la proportion d’utilisateurs reste relativement faible par rapport à l’ensemble de la population.
Comment recourt-on à la cryptomonnaie ?
Pour accéder à la cryptomonnaie, il suffit de créer un portefeuille numérique, ou « wallet ». Parmi les plateformes les plus utilisées pour ouvrir un compte ou effectuer des transactions en cryptomonnaie, on peut citer Binance, Trust Wallet ou El Bank.
Quels avantages offre-t-elle ?
Les avantages de la cryptomonnaie sont nombreux. Elle offre une grande sécurité dans les transactions et des frais considérablement réduits par rapport aux services financiers traditionnels. De plus, elle permet à ses utilisateurs de bénéficier d’une relative confidentialité, puisque les portefeuilles numériques ne sont pas toujours soumis à une surveillance directe.
Quelle garantie offre-t-elle face aux risques d’arnaques ?
Comme dans tout domaine, il existe des risques, y compris celui de l’arnaque. Bien que la cryptomonnaie soit intrinsèquement sécurisée, certaines personnes malintentionnées en profitent pour escroquer les utilisateurs. Il est donc essentiel de passer par des plateformes reconnues et d’utiliser des systèmes de vérification d’identité, comme le KYC (Know Your Customer), afin de s’assurer que l’on traite avec des acteurs légitimes. Il est également crucial de protéger ses clés privées, souvent composées de 12, 16 ou 24 mots. Il n’existe pas de garantie absolue, d’où l’importance de se former et de faire appel à des experts.
De quels risques doit-on se prémunir dans le monde de la cryptomonnaie ?
Les risques sont multiples. D’abord, les portefeuilles numériques peuvent être compromis si les utilisateurs ne les protègent pas correctement. Ensuite, il y a la volatilité des cryptomonnaies, qui peut à la fois représenter une opportunité et un danger, car les prix fluctuent constamment. Le risque d’arnaque est également important, avec de nombreux projets frauduleux qui promettent des gains rapides pour attirer les novices. Ces escroqueries ternissent l’image de la cryptomonnaie. C’est pourquoi il est essentiel de se former avant de se lancer dans ce domaine.
Comment la cryptomonnaie est-elle régulée en Guinée ?
La régulation de la cryptomonnaie varie d’un pays à l’autre. Certains gouvernements ont mis en place des lois pour encadrer son usage et prévenir le blanchiment d’argent, tandis que d’autres sont plus réticents. En Guinée, il n’y a pas encore de législation spécifique, bien que des initiatives aient été lancées par le passé. Cependant, le changement étant inévitable, il faut savoir s’adapter plutôt que de lutter contre.
Votre mot de la fin ?
La cryptomonnaie représente une innovation majeure dans le monde des transactions financières. Avec sa décentralisation et l’utilisation de la blockchain, elle se distingue clairement des monnaies traditionnelles, offrant une sécurité renforcée et des frais réduits. Cependant, elle n’est pas sans risques : volatilité, arnaques et absence de régulation dans certains pays, comme en Guinée, exigent une vigilance accrue. Pour les utilisateurs potentiels, il est impératif de se former, de s’informer et de privilégier des plateformes reconnues pour garantir une utilisation sécurisée et fructueuse de la cryptomonnaie.
Thierno Amadou Diallo