La 29e Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (COP 29), se tient à Bakou, en Azerbaïdjan, du 11 au 22 novembre 2024. Cette démarche est une occasion cruciale d’accélérer les mesures visant à lutter contre la crise climatique. La COP 29 intervient à un moment où les températures du monde atteignent des niveaux record et des phénomènes météorologiques frappent plusieurs pays, dernièrement l’Espagne. L’Afrique, continent moins industrialisé est frappé de plein fouet par le phénomène. En Guinée, particulièrement, les activistes pour la sauvegarde de l’environnement se mobilisent pour tirer la sonnette d’alarme sur le phénomène qui devient de plus en plus une réalité. C’est dans cette dynamique que notre rédaction a rencontré Aliou Diallo, journaliste activiste de l’environnement et responsable communication de l’ONG Guinée Écologie.
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Ledjely.com : La COP 29 sur le climat se tient actuellement en Azerbaïdjan. Quelles sont vos attentes vis-và vis de ce rendez-vous ?
Aliou Diallo : Je m’attends cette fois-ci aussi à des engagements concrets et vérifiables, avec un accent sur la justice climatique. La COP 29 doit proposer des solutions pour combler le fossé entre les pays développés et ceux en développement en matière d’adaptation et de financement climatique. Les pays africains, dont la Guinée, ont besoin de financements dédiés pour renforcer leur résilience face aux catastrophes climatiques et développer des infrastructures vertes.
Selon vous, pourquoi les résolutions des précédentes COP tardent-elles toujours à être effectives ?
Plusieurs facteurs expliquent ces retards : le manque de coordination et de volonté politique à l’échelle internationale, la difficulté à aligner les intérêts économiques nationaux avec les objectifs climatiques globaux, et le manque de financement ou de mécanismes d’exécution contraignants. Les promesses faites lors des COP ne s’accompagnent souvent pas des mécanismes nécessaires pour assurer leur suivi et mise en œuvre.
Plus globalement, ces rencontres ont-ils servi à lutter contre le réchauffement climatique en Afrique, particulièrement en Guinée ?
Les COP ont permis quand même des avancées telles que l’engagement envers le financement climatique et des programmes comme l’Initiative pour l’Adaptation en Afrique. Toutefois, l’impact concret reste limité en raison de retards dans la mobilisation des fonds promis et d’un manque de suivi rigoureux. En Guinée, des efforts isolés ont été entrepris, mais ils nécessitent des soutiens plus structurés et intégrés pour véritablement changer la donne.
A votre avis, comment faut-il parvenir à freiner le réchauffement climatique ?
Cela passe par la mise en œuvre de politiques axées sur la transition énergétique, le développement des énergies renouvelables, la réduction des émissions de gaz à effet de serre, et la protection des écosystèmes naturels. Il est crucial de renforcer l’éducation environnementale et d’impliquer les communautés locales pour qu’elles adoptent des pratiques durables. Une coopération internationale efficace, appuyée par des technologies propres et des financements adéquats, est également essentielle.
Faut-il placer au compte des conséquences du réchauffement climatique les inondations meurtrières en Guinée et dans le monde plus particulièrement en Espagne récemment ?
Le réchauffement climatique intensifie les phénomènes météorologiques extrêmes, tels que les inondations. Les changements dans les schémas de précipitation, associés à une mauvaise gestion de l’urbanisation et à la déforestation, aggravent ces risques. Les récentes inondations meurtrières en Guinée et ailleurs démontrent l’urgence d’adopter des mesures de prévention, telles que la réhabilitation des bassins versants et le renforcement des infrastructures de drainage.
Pourquoi malgré les fortes pluies qui se sont abattues en Guinée, la température est élevée en ce mois alors que nous ne sommes même pas au mois de mars, contrairement aux autres années ?
Ce paradoxe peut s’expliquer par des phénomènes tels que l’augmentation de l’humidité de l’air, qui conserve la chaleur et perturbe la sensation de fraîcheur après les précipitations. En outre, le réchauffement climatique modifie la dynamique des courants atmosphériques, provoquant des conditions météorologiques inattendues, telles que des températures élevées même pendant les saisons de pluie.
La pluie vient à peine d’arrêter à Conakry, mais il est remarqué que le thermomètre commence à grimper. Faut-il craindre des mois plus chauds en Guinée ?
Il est probable que la Guinée subisse des périodes de chaleur accrue, même hors des saisons habituelles, en raison de l’accélération du réchauffement climatique. L’urbanisation rapide et la perte de couverture végétale exacerbent également ces phénomènes. La Guinée, comme beaucoup de pays africains, doit se préparer à gérer ces nouvelles réalités climatiques en renforçant sa résilience.
Que conseillez-vous aux autorités nationales pour venir à bout de ce mal de notre époque ?
Les autorités doivent investir dans des projets de reboisement, promouvoir des pratiques agricoles durables et améliorer la gestion des ressources en eau. Il est crucial d’adopter une politique climatique nationale intégrée qui encourage l’usage d’énergies renouvelables, sensibilise la population à la conservation de l’environnement, et construit des infrastructures capables de résister aux chocs climatiques. Travailler en partenariat avec des ONG, le secteur privé, et les institutions internationales est également essentiel pour mobiliser les ressources nécessaires et partager des pratiques innovantes.
Interview réalisée par Djenaba Mara