Des décennies avant, l’arrivée de l’harmattan au mois de novembre marquait un rafraîchissement notable du climat en Guinée, particulièrement à Conakry. Cependant, depuis quelques années, cette réalité semble s’effacer peu à peu, au point où en mi-décembre, alors que les vents secs devraient adoucir l’atmosphère, les températures restent anormalement élevées, même à l’aube. Ce phénomène intrigue et inquiète, et les experts pointent du doigt des causes à la fois locales et globales.
Selon Mamadou Aliou Diallo, journaliste environnementaliste, la situation climatique actuelle à Conakry est largement aggravée par l’urbanisation anarchique. « Conakry est entourée par la mer, ce qui lui offrait autrefois une ventilation naturelle. Mais aujourd’hui, toutes les issues sont bloquées par des constructions ou l’occupation des domaines publics maritimes », explique-t-il. Avec une façade maritime obstruée et des habitations poussant partout sans planification, les brises marines qui rafraîchissaient la ville ne circulent plus.
À l’intérieur du pays, le constat est encore plus préoccupant. Les forêts, véritables régulateurs climatiques, se dégradent à un rythme effréné. « La coupe abusive du bois reste très fréquente aujourd’hui », déplore Mamadou Aliou Diallo. Ce phénomène, combiné à la surexploitation des ressources naturelles, réduit la capacité des écosystèmes à absorber le dioxyde de carbone et à stabiliser le climat.
Ousmane Diallo, géographe de formation, ajoute que cette situation est également exacerbée par des facteurs globaux comme le réchauffement climatique. « Le recul de la fraîcheur pendant l’harmattan est lié au réchauffement global, mais aussi à des causes locales comme la déforestation et le surpeuplement des zones », analyse-t-il. La pression démographique croissante accentue les besoins en bois de chauffage et en terres agricoles, accélérant ainsi la destruction des ressources forestières.
La persistance de la chaleur a des impacts directs sur les populations, notamment dans les zones urbaines où l’effet de chaleur s’intensifie. Les saisons climatiques, autrefois bien définies, semblent désormais perturbées, et cette situation pourrait encore s’aggraver si des mesures drastiques ne sont pas prises.
Pour contrer cette tendance, il est impératif de renforcer les politiques environnementales en Guinée. La protection des forêts, la reforestation et une meilleure gestion urbaine sont des priorités absolues. En outre, la sensibilisation des citoyens sur l’importance de préserver les écosystèmes demeure cruciale.
En attendant, le climat en Guinée continue de nous rappeler qu’il est temps d’agir. Car, comme le souligne Mamadou Aliou Diallo, « la chaleur s’installera de plus en plus longtemps si nous continuons à ignorer les signaux d’alerte que la nature nous envoie », conclut-il.
Thierno Amadou Diallo