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Afrique du sud : Trump aurait-il soutenu l’apartheid ?

Que Donald Trump ne s’intéresse pas tout particulièrement à l’Afrique, on s’y attendait un peu. En tout cas, pour les quatre prochaines années, personne n’espérait que le locataire de la Maison blanche puisse éprouver une quelconque émotion par rapport à tous les défis auxquels le continent noir est confronté. Mais on ne s’attendait pas non plus à ce que, lui, adepte d’un nationalisme qui se confond parfois à une certaine arrogance, s’en prenne à un de nos dirigeants pour des mesures qui ne touchent strictement en rien aux intérêts des Etats-Unis. C’est pourtant ce qu’il vient de faire en dénonçant une loi d’expropriation foncière que vient de promulguer son homologue sud-africain, Cyril Ramaphosa. Encore qu’il ne s’en tient pas à la dénonciation. Le président américain annonce dans la foulée la suspension de tout financement à destination de la Nation arc-en-ciel jusqu’à ce qu’une enquête soit menée sur la loi en question. Cette réaction de Donald Trump pourrait laisser croire qu’il est contre les efforts de correction des inégalités héritées de la colonisation et de l’apartheid, en Afrique du sud. Et que ses liens avec Elon Musk, le milliardaire originaire du pays de Mandela, y sont pour beaucoup.

Le racisme, une facette moins avouable

Décidément, le fameux slogan America First peut aussi se traduire comme « Les amis d’abord », voire même « Les Blancs d’abord ». Autrement, on ne voit pas en quoi la loi que vient de prendre Cyril Ramaphosa menace les intérêts américains si prétendument chers à Trump. Voilà qui révèle peut-être une facette moins avouable du leader républicain : le racisme. Alors même que certains, y compris en Afrique, se bornaient à ne voir chez lui qu’un certain patriotisme exubérant ou décomplexé.  Bien sûr, personne n’a envie de revivre une réforme agraire aussi bâclée que celle que l’ancien président Robert Mugabé avait opérée au Zimbabwe. Une réforme conduite sur fond de violence et de populisme qui, au-delà d’exacerber les tensions raciales, peut ruiner certains acquis du pays notamment dans le secteur agricole.

Ecarts et injustice

Mais il n’est pas non plus envisageable de faire l’impasse sur les fortes disparités qui minent la société sud-africaine en rapport avec la propriété foncière. Derrière la réputation de puissance économique du continent africain, l’Afrique du Sud cache des inégalités qu’elle se doit de régler impérativement. Et le cas du foncier est symptomatique des écarts que certains assimilent plutôt légitimement à de l’injustice. En effet, selon les chiffres issus du Land Audit Act (2017), plus de 25 ans après l’apartheid, aboli en 1991, « seulement 4 % des terres arables appartiennent à des Noirs, alors qu’ils représentent 81 % de la population. A l’inverse, 72 % des terres sont détenues par 36 000 fermiers blancs, alors que les Blancs ne représentent guère plus de 8 % de la population ». Comment voudrait-on qu’un tel statu quo soit maintenu en l’état ?

Equilibres fragiles

Certes, la question est à aborder avec tact et délicatesse, les équilibres étant fragiles. Mais il est évident que ces disparités doivent être corrigées. Sauf que, manifestement, le président Donald Trump ne veut pas de cette correction. C’est pourquoi, usant de la manipulation dont il est coutumier, il prétend déjà que c’est d’une confiscation de terres dont il s’agirait. Ce que Cyril Ramaphosa a démenti, en assurant qu’il s’agit plutôt d’une « procédure légale qui garantit l’accès à la terre d’une manière juste et équitable, conformément à la constitution ». Des explications qui risquent de ne pas suffire pour convaincre Donald Trump. Le président américain devenu très proche d’Elon Musk dont le salut nazi, le 20 janvier dernier, dans le sillage de l’investiture du 47ème président, n’était pas sans rappeler qu’à sa naissance, en 1971, l’Afrique du sud vivait sur le régime de ségrégation raciale de l’apartheid. Ceci pourrait donc expliquer cela.

Boubacar Sanso Barry

 

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