C’est une première victoire pour le Dr Mohamed Diané dans son procès en appel devant la chambre de jugement de la cour de répression des infractions économiques et financières. Au cours de l’audience de ce jeudi 20 mars 2025, le parquet et la partie civile ont demandé la requalification de l’affaire sous l’angle de la corruption concernant l’obligation du prévenu. Mais malheureusement, dès la reprise du procès, la cour a rejeté cette demande, renvoyant le dossier au 10 avril prochain pour la suite des débats.
Pour Me Sidiki Bérété, l’avocat de Dr Mohamed Diané, la cour a rendu une bonne décision qui les rassure. « Comment peut-on tenter une poursuite pour corruption, blanchiment, détournement et enrichissement illicite, alors que le juge d’instruction, après avoir tout analysé et examiné, a déclaré un non-lieu à l’encontre du Dr Diané ? Ce non-lieu a fait l’objet de réponses jusqu’à la Cour suprême. Ce non-lieu est définitif », a affirmé l’avocat. Quant aux 28 véhicules qui ont été achetés avec Djoma, poursuit-il, « ils ont vu que la corruption et le détournement ne peuvent pas tenir debout, car nous avons démontré aujourd’hui que le budget est simple. On ne peut pas détourner un budget prévisionnel », a expliqué Me Sidibé Bérété.
Pour lui, il a été particulièrement injuste de condamner son client pour un montant non décaissé. « Et comme le ministère public et l’agent judiciaire de l’État ont compris que cela ne pouvait pas être jugé sous l’angle de la corruption, ils ont voulu modifier la procédure, changer l’infraction, détournant ainsi le prévenu, ce qui touche à sa dignité et à son droit à la défense, qui est sacré. Ils ont voulu demander la requalification », a-t-il expliqué aux médias.
Selon cet avocat, la demande de requalification soulève deux questions fondamentales. « Est-ce qu’ils sont prêts à abandonner des infractions telles que la corruption, l’enrichissement et le blanchiment au profit de la nouvelle qualification ? L’infraction a été écartée, et ils n’ont pas pu détailler cela. Plus grave encore, quand on veut faire une réqualification, il s’agit d’une infraction qui n’a pas été débattue. Or la corruption a bien été débattue. Comment peut-on requalifier une infraction qui a déjà été réglée par un non-lieu définitif ? », déclare Me Sidiki Bérété.
Par ailleurs, l’avocat se réjouit particulièrement de la décision prise par la cour. « La Cour a rendu une bonne décision et cela nous rassure, car nous avons vu qu’au premier degré, la balance n’était pas équitable, la défense était bafouée, et nous nous sommes retirés de la défense. Mais si nous devons accepter que le droit triomphe, nous viendrons apporter notre part de vérité. Car on ne peut pas juger le Dr Diané sans son intendant militaire. On ne peut pas juger Dr Diané sur la base de budgets, simples prévisions. Donc, cela a été franchement une victoire pour le droit pénal, pas pour Dr Diané. Nous voulons que sa dignité soit restaurée », a-t-il soutenu.
En ce qui concerne la suite des débats, Me Sidiki Bérété précise qu’il reste deux infractions à débattre : celles liées au blanchiment et aux immeubles attribués à son client. Mais il promet de démolir ses accusations.
« Nous allons démolir ces accusations aussi. Nous sommes prêts à en découdre. On ne peut pas nous présenter une seule infraction ni un seul immeuble qui appartiendrait au Dr Diané. Mais le droit triomphera, et nous comptons sur les magistrats pour rendre justice et rassurer le peuple de Guinée, car si la justice est bancale, personne ne sera à l’abri. Nous serons dans l’insécurité judiciaire », conclut-il.
Balla Yombouno, depuis la CRIEF