La célébration de la Journée internationale de la liberté de la presse, ce 3 mai, est intervenue dans un climat particulièrement tendu en Guinée. Alors que les professionnels des médias dénoncent un recul inquiétant de leurs droits, l’interpellation du journaliste Habib Marouane Camara cristallise les inquiétudes. Pour Souleymane Souza Konaté, coordinateur de la cellule de communication de l’UFDG et président de la commission communication de l’ANAD, il ne fait aucun doute : « Habib Marouane Camara est un otage. Un otage d’un régime qui étouffe la liberté de la presse en Guinée ».
Dans une déclaration ferme, il dresse un tableau sombre de l’état de la liberté d’expression sous le régime du CNRD, à la lumière du dernier rapport de Reporters sans frontières (RSF). « Dans une République digne de ce nom, la liberté d’expression et de la presse constitue un pilier fondamental. Pourtant, en Guinée, ce droit essentiel est gravement menacé. Le pays est désormais classé 103e sur 180. En 2024, il occupait encore la 78e place. Autrement dit, le CNRD vient de battre son propre record de bourreau de la presse et de la démocratie, avec 25 places perdues en une seule année. Un recul démocratique sans précédent. Nous sommes au pays de nulle part », dit-il.
Souleymane Souza Konaté dénonce également le silence coupable d’une partie de la société face à cette dérive autoritaire. « Ce combat pour la liberté de la presse est l’affaire de tous les citoyens. Lorsque la presse est réduite au silence, c’est la société entière qui est privée d’informations cruciales. Nos divisions internes — qu’il s’agisse du manque de solidarité, de l’ethnicisme ou des intérêts corporatistes — fragilisent notre résistance et favorisent l’oppression », dénonce-t-il.
Il rappelle avec force que Habib Marouane Camara, figure du journalisme d’investigation en Guinée, est ciblé pour avoir osé dénoncer la corruption, les détournements de fonds publics et les manipulations ethniques. « Il paie le prix fort de son engagement pour la vérité », insiste-t-il.
Souleymane Souza Konaté met en garde le pouvoir en place : « Le CNRD ne tirera aucune gloire de cette atteinte aux libertés fondamentales et en assumera la pleine responsabilité devant l’histoire. Qu’il soit clair que le peuple de Guinée a toujours eu le dernier mot. Comme à chaque tournant de l’histoire, il finira par réaffirmer sa primauté et extirper de ses rangs l’ennemi intérieur ».
Thierno Amadou Diallo