Un violent incendie d’origine encore inconnue s’est déclaré dans la soirée du lundi au marché Dibida, le plus grand centre commercial de la région de Kankan, en Haute-Guinée. Le feu s’est propagé dans la ruelle très fréquentée de Silamagbo, située derrière l’hôtel Batè, détruisant une trentaine de boutiques et les marchandises qu’elles contenaient.
Les flammes, impressionnantes, ont consumé des stocks entiers de vêtements, de vaisselle, de chaussures, de produits divers. Pour les commerçants, c’est la désolation : tout est parti en fumée.
« J’étais chez moi quand mon fils m’a appelée pour me dire que notre boutique était en feu », raconte Bintou Sidibé, une commerçante d’une soixantaine d’années, la voix tremblante.
« Sur le chemin, d’autres appels ont confirmé la nouvelle. On m’a dit que le feu venait d’un moteur de l’hôtel Batè. Je vendais des habits, des assiettes, tout a brûlé. Je ne peux même pas estimer les pertes », déclare un commercent.
Dans le désordre laissé par l’incendie, Kaba Sangaré tente lui aussi de comprendre ce qui s’est passé. Sa boutique, transformée en un tas de cendres, contenait non seulement ses propres articles — chaussures, habits, thermos — mais aussi ceux d’autres commerçants qui y stockaient leurs marchandises la nuit.
« C’est mon ami qui m’a informé de l’incendie. En arrivant, j’ai vu que tout était déjà en flammes. Heureusement, Barou avait cassé les portes pour sauver quelques objets, mais le reste est perdu. Nous lançons un appel urgent aux autorités », indique-t-il, désemparé.
Le ministre de l’Urbanisme, en mission de sensibilisation à Kankan pour le recensement administratif à vocation d’état civil, s’est rendu sur les lieux du sinistre. Il a exprimé sa compassion envers les victimes et promis que des mesures gouvernementales seraient prises pour éviter de nouvelles tragédies.
Depuis plusieurs mois, les autorités locales alertent sur les dangers liés aux installations électriques défectueuses, au manque de sécurité incendie, et parfois même à des actes de malveillance. En avril dernier, une opération de démolition des magasins de la ruelle Silamagbo avait été lancée dans le cadre d’un projet de modernisation du marché. Une initiative vivement contestée par certains commerçants, aujourd’hui doublement frappés : expulsés hier, sinistrés aujourd’hui.
Alors que les pertes matérielles restent à évaluer, une chose est sûre : ce nouvel incendie soulève une fois de plus la question de la sécurité dans les marchés urbains en Guinée. Et laisse, derrière lui, des familles endeuillées économiquement, en quête de soutien et de justice.
Michel Yaradouno, depuis Kankan