Mont Nimba, Guinée – Nichés sur les hauteurs verdoyantes et brumeuses du Mont Nimba, à la frontière entre la Guinée, la Côte d’Ivoire et le Libéria, vivent des amphibiens d’exception : les crapauds vivipares (Nimbaphrynoides occidentalis). Cette espèce rare et endémique, unique au monde par son mode de reproduction, met bas à des petits vivants, contrairement aux autres crapauds qui pondent des œufs.
Un phénomène naturel fascinant, mais aujourd’hui menacé
Alors que l’exploitation à grande échelle du gisement de minerai de fer de Simandou s’apprête à démarrer, la question du sort de ces crapauds uniques devient cruciale. Le développement industriel et les pressions croissantes sur les écosystèmes forestiers du sud guinéen risquent de mettre en péril cet héritage vivant, dont la Guinée est aujourd’hui l’unique gardienne.
Un patrimoine scientifique en danger
Depuis plusieurs années, des chercheurs internationaux s’intéressent au mode de vie exceptionnel de ces crapauds, tentant de percer le mystère de leur biotope si particulier et de comprendre pourquoi ils n’existent qu’au Mont Nimba. La possibilité de les faire vivre ailleurs, tout en préservant leur génétique et leur spécificité « Made in Guinée », est au cœur de nombreuses études.
Mais ces efforts scientifiques se heurtent à l’urgence environnementale. Entre la déforestation, les activités minières, le transport intensif de bauxite et les perturbations liées au changement climatique, l’habitat naturel de ces amphibiens se réduit chaque jour un peu plus.
Un appel à l’action pour sauver l’espèce
Si rien n’est fait rapidement, les générations futures ne verront peut-être ces crapauds qu’en photo ou dans des livres de sciences. Le ministère guinéen de l’Environnement est aujourd’hui interpellé pour prendre des mesures concrètes de conservation, en collaboration avec la communauté scientifique.
Il est urgent, à défaut de pouvoir stopper les dynamiques économiques en marche, de créer des sanctuaires ou des zoos climatiques capables de reproduire fidèlement les conditions naturelles du Mont Nimba. Une sorte de « disque dur écologique », pour sauvegarder les données biologiques les plus précieuses de notre biodiversité nationale.
Ce cri d’alerte s’adresse à l’État guinéen, aux chercheurs locaux et étrangers, ainsi qu’aux ONG environnementales : il faut agir maintenant, avant qu’il ne soit trop tard. Le crapaud vivipare du Mont Nimba n’est pas seulement une curiosité scientifique ; il est un symbole de la richesse biologique guinéenne et un indicateur de l’équilibre écologique de notre région.