L’Institut Supérieur des Mines et de la Géologie de Boké (ISMGB) tourne au ralenti. Comme dans toutes les institutions d’enseignement supérieur du pays, les enseignants-chercheurs ont observé, ce lundi, le mot d’ordre de grève lancé par le Syndicat national autonome de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique (SNAESURS). Sur le campus, le constat est sans appel : aucun cours n’a été dispensé. Seuls quelques cadres administratifs étaient présents, tandis que la plupart des enseignants ont brillé par leur absence, plongeant l’établissement dans un silence pesant.
Ce lundi matin, l’enceinte de l’ISMGB offrait le visage d’un campus à l’abandon : pas de bruit, pas d’animation, pas de cours.
« Je suis étudiant en Licence 2 Mines. Aujourd’hui, on devait avoir trois cours, mais aucun professeur n’est venu. Cela nous fatigue. Le gouvernement doit réagir. Avec tous les efforts de développement en cours, ce genre de situation donne l’impression qu’on veut saboter le président de la République », s’indigne un étudiant rencontré sur place.
Même désarroi chez Kéita Amara, étudiant en Licence de Mines : « Cette grève nous impacte négativement. Nous sommes venus ici pour étudier, mais avec ces interruptions, ça ne nous arrange pas. Je viens de Kouroussa, en Haute Guinée. C’est à l’État de réagir pour que les choses bougent enfin ».
De son côté, Mamadouba Sylla, secrétaire syndical des enseignants-chercheurs de l’ISMGB, confirme la fermeté du mouvement.
« Comme vous pouvez le constater, la grève déclenchée par le SNAESURS a été respectée à la lettre. Entre 8h et 10h, j’étais le seul enseignant-chercheur présent dans le bloc pédagogique », affirme-t-il.
Le syndicat justifie cette paralysie par l’échec des négociations avec les ministères de tutelle. Le SNAESURS dénonce notamment le non-respect du décret D/2024/0027/PRG/CNRD/SSG du 24 janvier 2024 et de la loi L/2023/0016/CNT du 21 juillet 2023, pourtant adoptés depuis plusieurs mois.
Le Bureau exécutif national exige l’application immédiate du décret présidentiel fixant les rémunérations des fonctionnaires titulaires de grades dans les institutions d’enseignement supérieur, en particulier les articles 4, 5, 6, 8 et 13, restés sans effet.
Selon le syndicat, cette mesure est « indispensable pour la dignité professionnelle et la motivation du personnel académique ».
À Boké, cette grève plonge les étudiants dans l’incertitude totale. Beaucoup redoutent un nouveau décalage du calendrier universitaire et un allongement de l’année académique.
En attendant une issue favorable, l’ISMGB reste figé, symbole d’un malaise profond qui secoue tout l’enseignement supérieur guinéen.
Mamadou Bah, depuis Boké


