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MALI : enfin, un président de Transition !

Un mois après le putsch qui a renversé le président Ibrahim Boubacar Keïta, le Mali peut enfin pousser un ouf de soulagement. Après des semaines de tergiversations et d’atermoiements sur fond de pression de la part de la CEDEAO, la junte a fini par dévoiler ce lundi 21 septembre 2020 le président de la Transition. Son nom, Bah N’Daw. Colonel major à la retraite et âgé de 70 ans, le président de la Transition fait office de voie médiane entre les exigences de la CEDEAO qui tenait à ce que le dirigeant de la période transitoire soit un civil, et les prétentions du CNSP qui, lui, souhaitait qu’il soit plutôt militaire. Toutes les parties pourraient donc s’en contenter et permettre enfin que la transition se mette en route. Même si la vice-présidence que va assumer le colonel Assimi Goïta, patron du CNSP, passe pour une menace aux yeux de certains.

Ça y est ! La fumée blanche qu’on attendait depuis la chute d’IBK est enfin apparue ce lundi à Bamako. Selon les indiscrétions et en dépit des apparences, le choix du président de la Transition n’a surtout pas été consensuelle. Le collège des personnalités religieuses, politiques et de la société civile qui devait statuer sur sa désignation a été, dans les faits, mis dans le fait accompli. Mais il y a de fortes chances que les uns et les autres s’en tiennent au choix porté sur l’ancien ministre de la Défense. Car en réalité, d’une part, tout le monde en a marre de cette lancinante attente et de toutes les incertitudes qui la sous-tendent. D’autre part, le colonel major Bah N’Daw peut réunir autour de sa personne un consensus minimal, dans un contexte où tout le monde se méfie de tout le monde.

Ce déficit de confiance était d’ailleurs, convient-il de le noter, le principal point d’achoppement qui aura fait trainer le choix de ce président de transition. Au-delà des appétits que la transition fait naître de part et d’autre, la méfiance qui caractérise les rapports entre les militaires du CNSP et les acteurs politiques et de la société civile du Mali est consécutive à une divergence de fond. De fait, pour les militaires, l’élite malienne, qu’elle relève du monde politique ou de la société civile, reste caractérisée par sa roublardise et sa tendance à manipuler les autres. Aux yeux du CNSP, tous les acteurs de la scène politique et de la société civile malienne se valent. Conséquemment, les officiers qui ont mené le putsch redoutaient la perspective de confier la transition à des acteurs civils qui voudront alors profiter de leurs nouvelles positions pour torpiller le processus et, une nouvelle fois, saper le travail de refondation qui demeure, pour le pays, un passage obligé. Aussi, les militaires tenaient à confier les rênes du pays à un des leurs qui soit moins enclin à calculer, mais qui au contraire, comme tout militaire, se bornerait à suivre fidèlement la ligne à lui tracée jusqu’au bout de la transition.

Sauf que cette idée ne rassurait pas les acteurs du M5 en particulier. S’ils étaient certes reconnaissants à l’armée d’avoir aidé à parachever la lutte menée depuis des mois, les membres de ce mouvement, à leur tour, se méfiaient d’un président de la transition, car c’est bien connu, militaires et gestion ne font pas bon ménage. Les soldats n’ayant pas toujours le sens de la mesure, une transition gérée par des militaires pourrait déboucher, estimaient quelques observateurs, sur un Mali en faillite. Au-delà, l’armée n’est pas non plus connue pour sa souplesse. Elle fonctionne plutôt suivant les logiques rigides d’ordre et de soumission. Or, pour une période comme celle qui commence maintenant pour le Mali, la carotte et le bâton doivent pouvoir cohabiter en permanence de la part de ceux qui auront en charge la transition.

Entre ces deux camps, le colonel major Bah N’Daw symbolise le pont. Il a la rigidité de l’officier qu’il a été et garde encore à l’esprit le sens de la notion de mission. Une notion qu’il lui faudra bien se réapproprier pour mener la transition malienne à bon port. Mais d’un autre point de vue, il a désormais un vécu important de l’autre côté de la barrière, au côté du monde civil. Il en a certainement la subtilité et le sens de la nuance. Des aptitudes qui lui seront nécessaires pour arbitrer les égos et les ambitions forcément contradictoires des autres acteurs de la transition.

Boubacar Sanso BARRY

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