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COTE D’IVOIRE : le dialogue après la forfaiture

En Côte d’Ivoire, on dialogue enfin ! Le troisième mandat étant dans l’escarcelle d’Alassane Ouattara, le dialogue peut désormais s’ouvrir. Maintenant que le débat ne peut plus porter ni sur la légitimité, ni sur la légalité du troisième bail, les discussions peuvent s’ouvrir sur tout le reste des sujets. Alassane Ouattara, en bon président africain, est désormais réceptif aux critiques sur l’inféodation de la Commission électorale indépendante (CEI) à son camp. Si c’est le sacrifice à consentir pour que sa nouvelle mandature soit à l’abri de certaines agitations, il est prêt à lâcher du lest. Si nécessaire, il pourrait même concéder plus de places à ses adversaires dans le nouveau parlement qui sera issu des législatives devant se tenir dans le premier trimestre de l’année qui pointe. L’essentiel pour lui, c’était le trône suprême ! Quant à ses opposants, la mort dans l’âme, ils étaient hier de la première séance du dialogue politique qui se met en place. Ils ne se font guère d’illusion. Ils ont en particulier conscience d’avoir perdu l’essentiel de la bataille qui se jouait autour de la présidentielle. Mais ils répondent à l’appel du dialogue par réalisme politique. Car cette main tendue du président ivoirien est l’ultime occasion qu’ils doivent saisir s’ils veulent continuer à compter dans le landerneau politique national.

Grandes retrouvailles

Contrairement à ce que certains redoutaient, les principales tendances de la classe politique ivoirienne ont répondu à l’appel du premier ministre, Hamed Bakayoko, ce lundi 21 décembre 2020. Y étaient représentés en effet le PDCI de l’ancien président, Henri Konan Bédié, le FPI de Pascal Affi N’guessan ou encore la plateforme EDS, qui soutient l’ancien président Laurent Gbagbo. Au total, on dénombrait une trentaine de personnes représentant 14 partis politiques et 16 organisations de la société civile. Une forte mobilisation qui confère déjà à la dynamique une certaine inclusivité et qui passe pour un premier motif d’espoir quant à la suite des discussions. Quant au premier ministre, dans son intervention de circonstance, il a mis l’accent sur la nécessité pour toutes les parties d’œuvrer de manière à favoriser la paix et la stabilité en Côte d’Ivoire. Pour cela, il souhaite de la part de chacun et de tous des discussions franches. Il est néanmoins curieux qu’Hamed Bakayoko ait regretté le retard avec lequel se met en place ce cadre de dialogue. « Ça ne sert à rien de nous retrouver toujours trop tard pour faire l’économie des situations toujours bien regrettables » a-t-il en effet déclaré. Mais de sa part, ces propos sont bien étonnants quand on sait que c’est bien son patron de président qui a volontairement trainé les pas, pour s’offrir son fameux troisième mandat.

Guillaume Soro, la question en suspens

Le dialogue faisant désormais les affaires du président ivoirien d’une part, et les opposants n’ayant plus trop le choix, les discussions qui ont commencé ce lundi devraient donc logiquement déboucher sur un accord politique aussi bien sur la Commission électorale indépendante (CEI) que par rapport à la libération des détenus politiques. Ce qui, pour un certain temps, dégagera l’horizon pour Alassane Ouattara et son nouveau mandat. Restera cependant une question en suspens. C’est le cas Guillaume Soro ! L’ancien président de l’Assemblée nationale demeure la seule personnalité d’envergure dont le mouvement politique, Générations et peuples solidaires (GPS), n’est pas partie prenante de ce nouveau round de dialogue. S’il a consenti à discuter avec ses autres adversaires dont les anciens présidents Henri Konan Bédié et Laurent Gbagbo, le président ivoirien prône par contre la fermeté à l’égard de son ancien allié de 2010. Accusant Guillaume Soro d’avoir voulu user de méthodes radicales voire armées dans sa bataille contre le troisième mandat, Alassane Ouattara va jusqu’à utiliser ses liens avec Emmanuel Macron pour rendre la vie impossible au patron du mouvement GPS. Bien sûr, pour l’instant, le numéro un ivoirien profite d’un rapport de force qui lui est favorable. Mais combien de temps cela va-t-il durer ? Surtout, pour la quiétude durable et la stabilité pérenne de la Côte d’Ivoire, Ouattara ne devrait-il pas chercher à faire la paix avec tout le monde ? Tirant les leçons du sort qu’il a réservé à Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé, ne devrait-il pas se garder de donner des motifs de frustration à un autre acteur ivoirien ? Certes, la tentation du triomphalisme peut être forte. Mais c’est à cela qu’il faut savoir résister pour mériter le statut de Grand Leader et d’Homme d’Etat.

Boubacar Sanso BARRY  

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