Finalement, les autorités guinéennes envisagent ouvertement la mise en place d’un cadre de concertation. Six mois après la chute du régime du président Alpha Condé. Mais surtout au lendemain de cette déclaration dont 58 partis politiques sont signataires et dont le contenu ne laisse aucun doute quant à la crise qui se profile. C’est à croire que les menaces sont en passe de produire des résultats là où les plaidoyers avaient jusqu’ici plutôt échoué.
« J’ai l’honneur de convier quatre représentants de votre coalition à une séance de travail le lundi 14 mars », peut-on lire en substance dans le courrier ci-dessous que le ministre de l’Administration du territoire et de la Décentralisation a adressé à Dr. Ibrahima Sory Diallo, le président de ADC-BOC dont le parti est signataire de la déclaration des 58.
Surtout, le ministre Mory Condé prend le soin de préciser de manière explicite que la « rencontre sera essentiellement axée sur la finalisation du processus de mise en place du cadre de concertation ». Une formule tendant à faire croire que la dynamique avait déjà commencé. Alors même qu’il n’en était rien.
En réalité, cette invitation de la part du ministre Mory Condé s’apparente à un tournant dans la conduite de la Transition. Dans un premier temps, le CNRD surfant sur l’euphorie qui avait accompagné sa prise du pouvoir, avait naïvement cru qu’elle se passerait des acteurs politiques et de la société civile dans la conduite de la Transition. En conséquence, il s’était renfermé sur lui-même, ne réservant aux autres entités politiques et de la société civile que mépris et arrogance. Mais six mois après, s’étant frottés à la réalité du pouvoir et ayant pris conscience à la fois de l’immensité et de la complexité des défis, les militaires semblent subitement plus réceptifs à certaines mises en gardes. Pourvu que de ces six mois perdus dans de veines professions de foi et d’actions spectaculaires, on ait tiré toutes les leçons. Il en va en tout cas du succès de la Transition.
Boubacar Sanso BARRY