Les membres du gouvernement, nous dit-on, ont été pris de court. Mais tous ont manifestement fini par s’y habituer. Ainsi, tôt ce vendredi, beaucoup d’entre eux sont déjà en route. Direction ? L’intérieur du pays. Ce, pour se conformer aux instructions du président de la Transition, au cours du conseil des ministres d’hier jeudi. Instructions relatives à la tenue des prochains conseils des ministres respectivement à N’zérékoré et Kankan.
Selon le porte-parole du gouvernement, la délocalisation des sessions hebdomadaires du conseil interministériel et du conseil des ministres à l’intérieur du pays doit être perçue comme une « immersion » des ministres dans les localités des différentes régions. « Cela nous permet de travailler avec nos cadres déconcentrés qui évoluent dans ces villes et régions », confie Ousmane Gaoual Diallo.
Cependant, si l’on fait le lien avec la colère que le colonel Mamadi Doumbouya aurait manifestée au cours du conseil des ministres de ce jeudi, on en viendrait à voir également dans cette décision, le fruit du constat fait par le chef de l’Etat, selon lequel les différents membres du gouvernement sont trop éloignés des préoccupations réelles des populations à la base. Installés dans le confort de leurs douillets bureaux à Conakry, ils prétendent travailler au nom de citoyens dont ils ignorent les véritables problèmes. Le président de la Transition leur reprochant tout particulièrement de ne pas communiquer suffisamment sur ce qui se fait et sur ce qui est envisagé. D’où, à ses yeux, le décalage entre d’une part, les actions posées par le CNRD, et de l’autre, le niveau d’adhésion sans cesse décroissant des populations. Remonté par cette distorsion dans un contexte de bras de fer en perspective avec les forces vives de la Nation, Mamadi Doumbouya n’est donc pas allé avec subtilité.
Sera-ce suffisant pour combler le fossé ? Seul l’avenir le dira. Mais il faut d’ores et déjà dire qu’Alpha Condé, lui aussi, s’y était essayé. Lui aussi s’était en effet plus d’une fois plaint du fait que les membres de son gouvernement ne communiquaient pas assez sur les efforts consentis pour prendre en charge et réduire les difficultés auxquelles les populations sont confrontées. Et de ces critiques qu’il martelait régulièrement, on avait imaginé l’idée de l’organisation de conférences de presse que les membres du gouvernement animaient à tour de rôle. Par ailleurs, pour rapprocher les ministres des populations à la base, il avait créé le statut de ministre-parrain, autour en particulier des campagnes agricoles. Est-ce que cela avait amélioré la perception de sa gouvernance par la population ? Les événements du 5 septembre 2021 et l’accueil populaire qui leur a été réservé répondent plus éloquemment à la question.
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