La Direction Générale de la Société des eaux de Guinée (SEG) a échangé ce vendredi 7 octobre avec la presse sur la la thématique : L’eau potable pour tous, mais à quel prix ? Comment concilier droit d’accès et paiement d’un service ? Une occasion que le directeur général a mise à profit pour aborder, au-delà de la problématique liée notamment au paiement des factures, le déficit dans certains quartiers ou encore le 4ème projet eau, etc.
S’il y a un domaine dans lequel le paradoxe de la Guinée est évident, c’est bien celui de l’eau. Appelé château d’eau de l’Afrique de l’ouest, comment se fait-il en effet que le pays puisse manquer d’eau ? En tout cas, le directeur général trouve qu’il est « inconcevable que le Mali, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire (…) puissent avoir cette manne, alors que la Guinée, elle, est jusqu’à présent, confrontée à un déficit en matière d’eau ». Cela est d’autant plus incompréhensible à ses yeux qu’il suffirait qu’on règle cette question pour que les citoyens en finissent avec beaucoup de pathologies qu’ils trainent.
A la SEG, ce paradoxe établi, on voudrait situer les responsabilités. Il s’agira notamment de dire à ce même citoyen quelle est sa part de responsabilité dans ce retard que le pays accuse et que doit-il faire pour aider à inverser la tendance ?
Parlant d’ailleurs de responsabilité, le Directeur général de la SEG a particulièrement évoqué celle des élus locaux qui s’abstiennent de saisir la société quand il y a des fuites dans leurs zones respectives. « Quand, dans les quartiers, les tuyaux sont percés, vous n’avez jamais ou rarement des chefs de quartiers qui viennent à la direction générale de la SEG ou à une agence pour le notifier ou pour se plaindre même des coupures d’eau que le quartier vit du fait de ces pannes », note Aboubacar Camara.
Pourtant, si la communication entre les usagers et la société était plus fluide, les désagréments seraient amoindris. En tout cas, à travers des mesures correctives apportées ces derniers mois dans le cadre de la réparation des fuites, se sont révélées bénéfiques pour beaucoup de quartiers. « J’avoue qu’il y avait certains quartiers qui n’avaient jamais connus d’eau depuis 7 à 8 ans, qui ont l’eau aujourd’hui. Parce que quand les fuites ont été réglées, ça a permis d’avoir beaucoup plus de pression pour ceux qui sont en hauteur. On a ainsi normalisé les communes de Matoto et de Ratoma. Il y a une équipe de contrôle qui a été mise en place qui en l’espace de trois mois, a détecté au minimum 2000 à 2500 cas de fraudes », explique le directeur.
Pour ce qui est de la place du citoyen dans la question de l’eau en Guinée, le directeur s’est penché sur la problématique de la facture. A la base, l’eau est gratuite en Guinée, dit-il. Les factures que les uns et les autres paient se rapportent à d’autres services touchant notamment au traitement, au transport, à la distribution ou encore à l’analyse. « Il faut que les gens comprennent que la SEG ne vend pas de l’eau. Quand les gens payent leurs factures, ce n’est pas la facture d’eau qu’on a payée. Personne ne paye l’eau, l’eau est gratuite (…) Ce sont ces montants qui sont redistribués au niveau des charges qui permettent à ce que la société fonctionne », dit le directeur.
Le 4ème projet eau qui est censé résoudre la question de la desserte de la ville de Conakry s’est également invité dans le débat. Un projet dont les études, financées par la Banque mondiale, sont déjà faites. Aboubacar Camara assure qu’il demeure une priorité. « Nous sommes en train de travailler avec le gouvernement pour le financement du projet. Le montant qui doit être mobilisé pour son financement après les études de 2009 s’élevait à 1 milliards 374 millions d’euros. Mais de nos jours, nous tendons vers les 2 milliards d’euros. Si ce projet est financé, mis en œuvre c’est comme si le problème d’eau à Conakry est résolu en grande partie », reconnait-il.
Balla Yombouno