Les fonctions de premier ministre ne sont manifestement pas aisées à assumer sous cette transition version CNRD. Ainsi, Mohamed Béavogui, le premier en qui le colonel Mamadi Doumbouya avait placé sa confiance pour conduire le gouvernement, a dû s’éclipser moins d’un an après sa nomination. Et de toute évidence, Bernard Goumou, qui l’a remplacé vient de se heurter à sa toute première crise. Parce qu’il faut bien appeler ainsi ce qui vient de commencer avec la suspension du ministre des Infrastructures et des Transports par le premier ministre.
La crise vient du fait que Yaya Sow, le ministre suspendu ne se comporte ni en subordonné soumis, ni en victime expiatoire. Sa suspension, il ne la comprend pas et le fait savoir au micro de nos confrères de Guineenews. Au-delà, il dénonce de la part du chef du gouvernement – en principe son supérieur hiérarchique – une complicité avec des cadres ‘’indélicats’’ du département. Ça sent l’insubordination qui peut cacher un trop plein de malaise.
D’abord, Yaya Sow dit ne pas comprendre que le premier ministre le suspende via un arrêté, alors qu’il a été nommé via un décret. Ensuite, évoquant le mobile de la suspension, il fait allusion à une réunion entre le secrétaire général, le directeur de l’entretien routier et le directeur du Fonds d’entretien routier. Réunion au cours de laquelle les participants auraient visiblement parlé de « partage de marchés ». Mais à la limite, le ministre dit ne pas comprendre le lien qui pourrait être établi entre lui et cette réunion, dans la mesure où il n’y était pas et que par ailleurs, il n’est pas celui qui a enregistré la rencontre.
En tous les cas, Yaya Sow révèle au passage qu’entre lui et le chef du gouvernement, la confiance n’est pas au top. En effet, selon le ministre suspendu, quand il y a quelques semaines, il a pris une décision de suspension de Saa Yolande, un des cadres du ministère, « le Premier ministre n’était pas content. Il avait tout fait pour que je le remette à son poste, alors qu’il avait commis une faute grave ». Le ministre se présente donc comme la victime d’un complot ourdi par Saa Yolande, dans le dessein de se venger. Et le premier ministre, dit-il, a aidé ce dernier à fomenter le complot.
En pareille circonstance, l’arbitrage du président de la transition devient indispensable. On peut d’ores et déjà partir du principe qu’entre Yaya Sow et Bernard Goumou, toute possibilité de collaboration est désormais à exclure. A coup sûr, l’un d’eux doit s’en aller. Le plus probable serait que le ministre des Infrastructures soit débarqué. C’est ce qui s’est passé dans le cas de Fatoumata Yarie Soumah, l’ancienne ministre de la Justice. Et c’est l’option qui a été préférée entre Ousmane Gaoual Diallo et les deux cheffes de cabinet. Mais si on peut envisager que le président de la Transition se penche en détail sur les allégations du ministre confiées à nos confrères.
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