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Guinée : une adresse à la Nation s’impose

La Guinée est une nouvelle fois en crise. Ce n’est pas la peine de se voiler la face. Au contraire, il importe de regarder la réalité en face et réagir en conséquence. Et c’est le président de la Transition qui, le premier, est interpellé. Sa gestion de la transition commence à soulever des doutes et à générer des incertitudes. Encore que le silence et la passivité qu’il observe face à tous les événements de ces dernières semaines, ne sont pas pour rassurer. Il doit donc se faire entendre. Il doit rassurer et recadrer. Parce qu’à certains égards, il renvoie l’image de quelqu’un à qui les choses commencent à échapper.

Déni de la réalité

La politique de l’autruche est une recette très connue des dirigeants africains. Spécialistes attitrés du déni de la réalité, ils ont même tendance à en abuser. Aidés en cela par un entourage qui n’est pas toujours porté à rapporter fidèlement les faits. D’où la surprise que certains d’entre eux éprouvent quand l’heure de la chute arrive. Et ce serait bien que le colonel Mamadi Doumbouya ne se rende pas coupable de ce péché-là. Pour cela, il lui faut réaliser que le pays est bel et bien en crise et que ce n’est pas faire montre de catastrophisme que d’admettre cela. En réalité, depuis le début de l’année, la Guinée est caractérisée par une volatilité alimentée par différentes tensions que le président de la Transition feint de ne pas remarquer. Bien sûr, au nombre de ces tensions, on a la crise avec les Forces vives de Guinée qui se traduit par les appels à manifestation. Que les gens descendent dans la rue ou pas, ce n’est pas en soi le plus important. La tension qui découle des contradictions avec cette frange des acteurs sociopolitiques, les jeunes qui tombent dans le sillage des manifestations étouffées, les frustrations contenues qui résultent de ces nouvelles tueries, ces impressionnants arsenaux policiers et militaires déployés à l’intérieur de la ville de Conakry, ce sont là autant d’indicateurs d’une crise qu’on ne peut pas nier.

Mais il n’y a pas que la mésentente avec les Forces vives pour illustrer la crise multidimensionnelle que vit le pays. La dégradation de la desserte en courant électrique est également une crise en soi. D’autant qu’on peine à trouver la solution. Les manifestations récurrentes des enseignants contractuels renvoient aussi à une crise. Parce que là aussi, c’est un problème qui demeure pratiquement depuis l’ouverture des classes. Bien entendu, la brouille récente entre la ministre de l’Information et de la Communication et nos confrères de la RTG est aussi à ranger dans le registre de cette crise que le pays traverse. De même, que dire de la journée sans presse organisée ce mardi 23 mai, à la suite de restrictions et de menaces ouvertement proférées contre les médias du pays ? Et pour clore cette série non exhaustive, on se doit de mentionner le limogeage-surprise, le 9 mai dernier, du général Sadiba Koulibaly, ancien chef d’Etat-major général des armées.

De l’indifférence à la cacophonie au sein du gouvernement

Face à tous ces foyers de tension, les images des nombreux chantiers qui défilent sur le petit écran de la télévision nationale ne font pas le poids. Il est vrai que la communication tendant à présenter le colonel Doumbouya comme un président du développement avait eu ses adeptes. Mais en face de toutes ces crises, la stratégie n’est plus aussi payante. Surtout que lui-même donne l’impression de n’accorder aucune importance à ces soubresauts.

Au-delà d’une indifférence, on décèle quelquefois de la part du président un manque d’autorité. Surtout quand on rapporte sa passivité aux actions ou propos de certains membres du gouvernement. Il se passe qu’en réalité, depuis que certains membres du gouvernement ont réussi à éjecter l’ancien PM, Mohamed Béavogui, ils éprouvent un sentiment de toute-puissance à l’intérieur du gouvernement. Du premier ministre, ceux-là s’en foutent éperdument. Sans se préoccuper outre mesure des conséquences sur l’image du gouvernement auquel ils appartiennent et de l’Etat qu’ils incarnent, ils s’autorisent toutes les sorties et tous les cas. Quitte à orchestrer des polémiques stériles. C’est le cas d’Ousmane Gaoual Diallo aussi bien à propos du fameux commerce du bois que par rapport aux menaces contre la presse. C’est aussi le cas du ministre Charles Wright, qui s’en était vertement pris au chef du gouvernement à propos de rencontres entre Bernard Goumou et les magistrats. Même le dialogue politique pourtant officiellement confié au PM en pâtit. De la pluralité d’opinion à l’intérieur d’un gouvernement, quoi de plus noble ! Encore que cela doit s’exprimer suivant une certaine discipline. Et le fait que le président laisse faire cette cacophonie ne milite pas en sa faveur. Vu que qui ne dit mot, consent !

Fin de la récréation

Il doit donc pouvoir siffler la fin de la récréation. Doit-il pour cela opérer un remaniement gouvernemental ? C’est à lui seul d’en juger. Mais au moins, il doit s’adresser aux Guinéens pour leur dire qu’il tient encore le gouvernail et réaffirmer le cap qu’il a fixé en septembre 2021. Et à l’occasion, il devra s’évertuer à restaurer l’ordre et la discipline à l’intérieur de l’équipe gouvernementale. A ses collaborateurs, il devra exiger plus d’humilité et moins de défiance. Il en va de la réussite de la Transition pour laquelle prient les Guinéens, qu’ils soient des soutiens affichés du colonel ou pas.

Boubacar Sanso Barry

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