Le lundi dernier quand, tu box des accusés, Marcel Guilavogui a levé pour demander à comparaître à nouveau, avec la promesse ferme de dire – cette fois – toute la vérité, il avait soulevé un immense espoir du côté des victimes des massacres du stade du 28 septembre. Mais au terme de cette première semaine de comparution, son interrogatoire laisse un arrière-goût d’inachevé. Les avocats des victimes dénoncent de la part de celui qui était de la garde rapprochée du capitaine Moussa Dadis Camara, une curieuse sélection des faits à raconter. Autant il est disert sur ce que son ex-patron pourrait avoir dit ou fait, autant il est particulièrement mutique sur ce que lui-même aurait fait. Et cette attitude-là, Me Amadou DS Bah en est plutôt dessus. Car l’avocat des parties civiles s’attendait à ce que Marcel, suivant sa promesse, n’occulte rien. Qu’il déballe tout, y compris, sa part de responsabilité. Mais ce n’est pas ce qu’il fait. Et par conséquent, il suscite un certain désenchantement.
La déception qu’inspire progressivement le second passage de Marcel est inversement proportionnelle à l’espoir qu’il avait suscité, en sollicitant cette nouvelle comparution. « D’abord, il s’engage à dire la vérité, toute la vérité. Mais il dit tout ce que le capitaine a fait mais curieusement il occulte ce que lui-même a fait. Nous avons des preuves palpables à travers des témoignages non seulement des parties civiles mais également de certains accusés, qui attestent qu’effectivement, il était au stade à la tête d’un dispositif, d’un contingent qui a créé d’énormes dégâts, d’énormes massacres. Nous, on attendait à ce qu’il fasse son mea-culpa général, non pas un mea-culpa particulier mais qu’il reconnaisse qu’il est effectivement l’un des personnages centraux des massacres du 28 septembre. Peut-être cela aurait pu le sévir au moment de la délibération au niveau des juges », déplore Me Amadou DS Bah.
De fait, en dehors du cas relatif à Moussa Dadis Camara, duquel il veut manifestement se venger (pourquoi ?), Marcel demeure le même, abonné au déni. « Malheureusement, il s’est inscrit dans la logique de nier tout ce qu’il a fait et de raconter ce que le capitaine Dadis a dit. Il était important que lui Marcel, se repentisse pour qu’on puisse envisager des circonstances atténuantes en ce qui le concerne. Mais malheureusement, c’est le même Marcel. Vous savez l’habitude a la peau dure. Il est allé de contrevérités en contrevérités, il y a trop d’incohérences dans ce qu’il a dit », note l’avocat.
Cela étant, tout n’est pas jeté dans cette seconde comparution du capitaine Marcel Guilavogui. D’abord, contrairement à ce qu’il avait prétendu au cours de son premier passage, cette fois, il a admis avoir été dans l’enceinte du stade. Qu’il refuse de dire ce qu’il y a fait, en change pas fondamentalement les choses. De même, il reconnait avoir brandi une grenade qu’il a menacé de faire exploser à la clinique Ambroise Paré. Cela aussi est une nouveauté de sa part. Ensuite, il « a confirmé que capitaine Dadis est l’artisan, l’Alpha et l’Oméga de ce qu’il s’est passé. Moi je pense que le sort du capitaine Dadis est déjà scellé », jubile Me DS.
Mais pour Marcel Guilavogui, le plus dur reste à venir. En effet, on imagine bien que les avocats de Moussa Dadis Camara voudront lui faire payer son choix de charger leur client. Sans exclure que le même Dadis et d’autres accusés sollicitent une nouvelle audition pour répondre à des accusations portées à leur encontre par le même Marcel.
Aminata Camara
