Ce mercredi 26 juillet, la comparution des victimes du 28 septembre se poursuit devant le tribunal criminel de Dixinn délocalisé à la Cour d’appel de Conakry, dans le cadre des violences perpétrées au stade et qui a coûté la vie à plus de 150 personnes. A la barre, Thierno Madjou Sow a relaté ce qu’il a vécu le 28 septembre. Il rapporte notamment avoir été transporté à l’hôpital Donka parmi les corps de ceux qui avaient été tués.
Sa déposition, Thierno Madjou Sow l’a commencée en remerciant Dieu et en priant pour tous ceux qui ont perdu la vie dans le cadre du massacre du 28 septembre. Le matin du 28 septembre, il est parti du quartier Bambéto pour se rendre au stade. A un moment du trajet, il a entendu des gendarmes dire que la manifestation n’aurait pas lieu. Il a alors proposé au groupe avec lequel il cheminait de se retourner à la maison. Mais sur le chemin de retour, il rencontre d’autres groupes cheminant vers le stade. « Quand j’ai vu la foule, je me suis retourné à nouveau pour prendre la direction du stade. On est partis jusqu’au niveau de Hamdallaye. Il y a eu des altercations entre les gendarmes et les jeunes. On a même appris qu’il y avait deux morts sur place. Mais malgré cela, nous avons poursuivi notre marche en direction du stade. Arrivé à la terrasse de Dixinn, nous sommes rentrés avec les leader à l’intérieur du stade », a relaté Thierno Madjou.
Au sujet même de ce qu’il a vu et subi à l’intérieur du stade, il poursuit : « À l’intérieur du stade, quand les bérets rouges ont commencé à tirer j’ai eu peur et j’ai couru pour sortir. Entre temps, un gendarme m’a giflé avec son arme. Mais je ne me suis pas arrêté. J’ai continué mon chemin. En arrivant vers la sortie, j’ai appris qu’ils ont électrocuté l’endroit vers lequel on se dirigeait. D’ailleurs, j’ai vu les gens électrocutés qui tombaient. J’ai davantage eu peur. J’ai commencé à pleurer. Je me suis rappelé que je n’avais pas informé ma maman avant de sortir. Et j’en étais à ce regret quand j’ai reçu un coup et je suis tombé entre les morts. Puis, d’autres corps me sont tombés dessus. J’ai été transporté avec les morts à l’hôpital. Ils m’ont envoyé au 4ème étage chez un certain Dr Kaba. Ils m’ont envoyé seul dans une cabine pour extraire le sang de mon ventre, à la suite du coup que j’avais reçu. D’ailleurs, tout cela a provoqué d’autres complications dans mon ventre et depuis lors, je n’ai plus retrouvé ma santé, en dépit du fait que j’ai fait deux mois à l’hôpital Donka, avant de me rendre à l’hôpital ‘’Mère et enfant’’. ».
En définitive, « tout ce que je demande au gouvernement, c’est de m’aider à retrouver ma santé pour redevenir comme avant », sollicite Thierno Madjou Sow
A la différence d’autres victimes qui ont mis en cause le colonel Moussa Tiégboro Camara, Thierno Madjou se dit à l’inverse reconnaissant à l’endroit de l’ancien Monsieur anti-drogue. Ce dernier aurait en effet aidé à évacuer son frère à l’hôpital, à la suite d’un accident de circulation dont ledit frère était victime.
Aminata Camara