« L’assistance effective d’une personne poursuivie implique qu’elle puisse s’entretenir avec son avocat, quel que soit l’endroit où il est détenu ». C’est ce que disent les textes de loi. Mais ce n’est plus le cas pour les avocats de la Défense des accusés dans l’affaire des massacres du 28 septembre dont le procès est à la phase de la comparution des témoins. En tout cas, dans une déclaration conjointe qu’ils ont publiée ce dimanche 26 novembre, ces avocats disent avoir été privés de voir leurs clients depuis l’évasion du 04 novembre 2023 à la maison centrale de Conakry.
« Malgré l’intervention du Bâtonnier de l’Ordre des avocats auprès du Garde des Sceaux, Ministre de la Justice et des Droits de l’Homme, et du Procureur Général près la Cour d’Appel de Conakry, les Avocats restent de nos jours persona non grata à la Maison Centrale de Conakry », écrit le collectif des avocats de la défense.
Une « violation grave et intolérable des droits de la défense » face à laquelle ils s’indignent tous. Ils exigent « la levée immédiate et sans condition de tous obstacles » de nature à les empêcher de rencontrer leurs clients. « En attendant, le collectif des avocats de la défense suspend sa participation à la tenue de ce procès jusqu’à la levée des obstacles liés à leur accès à leurs clients », décide enfin le collectif.
La réplique de Charles Wright
Une sortie qui a surpris le ministre de la justice. C’est en tout cas ce que Alphonse Charles Wright a indiqué lui aussi, dans un communiqué sorti dans la foulée. Certes, le ministre reconnaît que des mesures sécuritaires supplémentaires ont été prises depuis l’évasion des détenus de haute classe le 4 novembre dernier. « Mais ces mesures n’ont jamais eu pour vocation d’empêcher les avocats.. d’accéder à la Maison centrale ou à leurs clients par les services de défense et de sécurité », fait-il comprendre aux plaignants.
D’ailleurs, indique le communiqué, aucun avocat ou groupe d’avocats de la Défense n’a à titre individuel ou collectif signalé au ministère le refus opposé par les forces de défense et de sécurité quant à l’accès des avocats à la Maison centrale et à leurs clients. « Le ministre de la Justice invite les déclarants à le saisir de toute entrave d’accès à la Maison centrale de Conakry ou à leurs clients avec des preuves factuelles et promet de prendre toutes les dispositions pour sanctionner tout contrevenant à la liberté d’accès à la Maison centrale de Conakry », promet Charles Wright.
Plus loin, il invite même le Bâtonnier, les membres du Conseil de l’Ordre, le Collectif des Avocats de la Défense du dossier des événements du 28 septembre 2009, le premier Président de la Cour d’Appel de Conakry et le Procureur général près la Cour d’Appel de Conakry à une rencontre d’échange d’urgence ce lundi 27 novembre 2023 à 8H00 à la Chancellerie « pour discuter de toutes les questions allant dans le sens de trouver les solutions idoines à toute leur préoccupation ».
Cette rencontre permettra-t-elle de débloquer la situation de manière à ce que le procès se poursuive ce lundi ? Attendons de voir.
Aliou Nasta