En protestation contre la détention du syndicaliste Sékou Jamal Pendessa et la censure des médias, le mouvement syndical a appelé à une grève générale sur toute l’étendue du territoire national. Un appel plutôt suivi sur le long de la corniche nord sur l’axe Lambanyi- Hamdallaye, partagé entre les communes de Lambanyi et de Ratoma. C’est le constat fait par un de nos reporters.
Au carrefour de Lambanyi, habituellement grouillant de monde, les agences des banques notamment Vista Gui, la BNG et la BIG sont toutes fermées. Pour ce qui est des magasins et boutiques, le constat restait mitigé. La plupart des magasins de boutiques d’alimentation générale et d’accessoires étaient fermés. Seuls les magasins de quincaillerie étaient tous ouverts.
Quant à la circulation, certes elle est paralysée dans cette zone mais quelques transporteurs, notamment les taxis motos et surtout les tricycles étaient visibles. Ils étaient d’ailleurs une quinzaine à foncer sur les quelques rares passagers en quête de moyens de déplacement. D’autres, installés sous un hangar qui leur sert de base discutaient justement de la grève. « La situation ne se passe pas comme je l’aurais aimé », déplore l’un d’entre eux, une bouteille de jus de gingembre en main. « Je pensais que j’allais me faire un max d’argent aujourd’hui. Je m’attendais vraiment à un engouement meilleur que celui-là », ajoute-t-il, le visage très déçu.
Pourtant, le syndicat des motos-taxis, dans un communiqué qui est tombé tard hier, avait demandé aux conducteurs de motos taxis de se joindre à la grève. Un mot d’ordre bravé par ces transporteurs en commun pour diverses raisons. « Ils ont publié le communiqué très tard. Autrement, on aurait pu se préparer pour deux jours. (…) si nous sommes là pour travailler, c’est parce que nos recettes ne nous suffisent pas pour tenir même un jour de grève. Nous gagnons ce que nous mangeons du jour au lendemain », indique Hamidou, présenté comme le chef de la zone.
« On aurait aussi aimé que le syndicat déploie des agents sur le terrain pour nous aviser en tête-à-tête. Ça nous aurait motivés. Mais si tu décides de ne pas travailler pour respecter des mots d’ordre donnés par des gens que tu ne vois pas, c’est toi seul le perdant », renchérit un autre taxi-motard.
Au niveau du carrefour Centre commercial, le constat reste le même. Ces conducteurs de taxis motos, assis devant une banque fermée, attendaient désespérément des passagers. « Je n’ai pas suivi cette grève parce que je ne peux pas. J’ai beaucoup de de charges à supporter moi seul. Mais je peux dire que je suis victime de cette grève puisque depuis ce matin, je n’arrive pas à me faire un peu d’argent pour pouvoir donner la dépense en famille. J’aurai dû respecter et rester chez moi. Au moins je me reposerai », regrette cet autre taxi motard. Un de ses collègues à côté, soutient la grève mais il sort, dit-il, pour chercher la dépense et rentrer. « Je ne prends pas les clients qui vont au-delà de mon quartier. Je circule uniquement entre Lambanyi et Nongo. Je vais rouler jusqu’à 14 heures, si je ne trouve rien, je rentre chez moi”, promettait-il.
Le long de cet axe, que ce soit à Kaporo pont et marché, Kipé, Ratoma, Taouyah et Hamdallaye, la circulation était trop fluide. Les restaurants et les boutiques de ventes d’habits étaient tous ouvertes. Mais les magasins étaient pour la plupart fermés.
Aliou Nasta