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Génocide rwandais : finalement, Macron n’est pas si courageux !

Que s’est-il passé ? Comment expliquer le décalage entre le message qui était annoncé et celui que le président français a finalement livré, hier, à l’occasion du 30ème anniversaire des commémorations du génocide rwandais de 1994 ? Le jeudi dernier, les services de l’Elysée étaient sans ambiguïté. Dans le message qui serait véhiculé d’Emmanuel Macron, il devait explicitement prononcer, entre autres, les termes suivants : « la France aurait pu arrêter le génocide avec ses alliés occidentaux et africains, mais n’en a pas eu la volonté ». Telle était leur promesse. Mais ce n’est pas exactement ce qu’on a entendu du président français dans la vidéo diffusée hier. Certes, il invite à regarder le passé en face et à l’assumer. Par ailleurs, il avait déjà fait un sacré progrès en reconnaissant, il y a deux ans, les « responsabilités » de son pays dans la vaste boucherie perpétrée entre avril et juillet 1994 au Rwanda. Mais il ne va guère au-delà cette fois. Une reculade qui remet quelque peu en question le courage auquel on l’avait associé.

Quelque peu embarrassés, les services de la présidence française bafouillent des explications qui ne tiennent pas la route. Ils prétendent ainsi que les médias auraient sur-interprêté le message qu’ils leur avaient transmis soixante-douze heures plus tôt. Ils vont jusqu’à s’autoflageller en alléguant qu’ils se seraient mal fait comprendre. Mais en réalité, il n’y a eu ni sur-interpréation, ni une méprise au sujet du message. Celui-ci était d’autant plus explicite qu’il était écrit. D’ailleurs, un tel hiatus est-il seulement envisageable ? Il y a que le président français n’a finalement pas souhaité tenir les propos qu’il s’était engagé à tenir. L’a-t-on par la suite convaincu du fait que la teneur des phrases mettait suffisamment la France en cause ? S’est-il lui-même dit que ce n’était finalement pas nécessaire d’aller si loin ? Difficile de trouver pour l’instant, les raisons de ce rétropédalage. Mais rétropédalage, il y en a bien un. Et celui-ci ne peut que confirmer la sensibilité du sujet. En sorte que même Emmanuel Macron qui n’a pas voulu se rendre à Kigali, y va avec une extrême prudence.

N’empêche ! En dépit de ce message plutôt brouillé de la part des autorités françaises, les commémorations, elles, ont eu lieu à Kigali et dans les autres villes du Rwanda. Si pour les autorités rwandaises, il est symboliquement important que les rôles que différents acteurs de la communauté internationale ont joués dans cette tragédie soient questionnés, pour le Rwandais lambda, il est surtout crucial que le pays continue à tirer les enseignements du génocide. Ex-génocidaires et victimes doivent continuer à travailler la main dans la main pour la cicatrisation des blessures physiques et du traumatisme psychologique. D’ores et déjà, sur ce chemin, il convient de saluer le travail abattu. On ne peut que prier pour qu’il soit consolidé et amplifié. Parce que c’est à seul prix que les Rwandaises et les Rwandais relèveront l’ultime défi de faire en sorte qu’en présence de Paul Kagamé ou pas, le pays ne revive plus pareille tragédie.

Quant à la France, qu’elle aille plus loin ou pas dans la reconnaissance de sa responsabilité dans ce qui est arrivé au Rwanda, elle doit tout autant en tirer toutes les leçons qui s’imposent. Aucun intérêt du moment ne devrait primer sur un certain nombre de valeurs humaines universelles. Telle est une des leçons qui devrait s’en dégager. Et c’est un enseignement dont la France doit encore se rappeler aujourd’hui dans ses rapports avec bon nombre d’Etats africains où elle a quelque peu tendance à fermer les yeux sur un certain de nombre de violations de droits humains, pour préserver quelques intérêts notamment géostratégiques. Pour l’heure, les victimes ne sont pas si évidentes comme les Tutsis qui sont tombés au Rwanda, mais des victimes il y en a toujours. Et l’image de la France en pâtit tout naturellement.

Boubacar Sanso Barry  

        

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