Alors que les espoirs placés dans la transition se sont transformés en déception, une analyse plus profonde de notre situation révèle une cruelle ironie : cette génération de jeunes, à qui l’on attribuait le rôle de sauver la nation et de corriger les erreurs du passé, a sombré dans les mêmes travers que ceux qu’elle critiquait. Pire encore, elle semble avoir oublié l’importance des valeurs morales et du sens du devoir qui, malgré leurs imperfections, était des repères essentiels pour les anciens dirigeants.
La gestion des anciens : une époque de discipline et de sacrifice
Les anciens dirigeants de la Guinée, bien que critiqués sur de nombreux aspects, possédaient des qualités indéniables que la nouvelle génération semble avoir totalement négligées. Sous les régimes précédents, l’idée de service public était imprégnée d’un profond sens du devoir.
L’engagement pour la nation ne se limitait pas à une quête personnelle de pouvoir, mais était ancré dans la responsabilité de veiller au bien-être collectif. Les anciens savaient que la gestion d’un État exigeait rigueur, discipline et, surtout, une éthique inébranlable. Nombre d’entre eux, malgré des décisions parfois controversées, étaient guidés par un amour sincère pour leur patrie. Ils étaient conscients des sacrifices que demandait la gouvernance d’un pays aussi complexe que la Guinée.
Leur patriotisme n’était pas un slogan creux, mais une conviction profonde, une boussole morale qui orientait leurs décisions. Ils comprenaient que leur mandat n’était pas une opportunité d’enrichissement personnel, mais une charge au service de la nation. Ces dirigeants étaient aussi le produit d’une époque où la morale et l’éthique avaient encore un poids dans la vie publique. Leur formation politique, souvent forgée dans les luttes pour l’indépendance ou les premières années de construction de l’État, les avait préparés à affronter des défis colossaux avec un sens aigu des responsabilités.
Loin de s’inspirer des enseignements de leurs prédécesseurs, ils se sont enlisés dans des pratiques encore plus déplorables. Leur ascension au pouvoir, bien qu’accompagnée de promesses de changement, n’a pas apporté la rupture tant attendue. Ils ont répété, et parfois aggravé, les mêmes erreurs que ceux qu’ils dénonçaient. Leur gestion s’est caractérisé par un profond manque de morale et d’éthique, deux piliers pourtant essentiels pour diriger un pays.
Si certains d’entre eux ont failli, ils l’ont souvent fait non par cupidité ou arrogance, mais par les limites inhérentes à la condition humaine. Ils demeuraient profondément attachés à l’idée de servir l’intérêt général, même si leurs méthodes pouvaient être critiquées. La jeunesse au pouvoir : trahison des valeurs et désillusion
Aujourd’hui, cette génération de jeunes leaders, censée incarner le renouveau, a montré qu’elle ne possédait ni les valeurs, ni le sens du devoir de leurs prédécesseurs. Dans un contexte où tout semblait possible, où la transition offrait une opportunité unique de refondation de l’État, les jeunes au pouvoir ont montré un visage plus sombre, celui de l’arrogance et de la trahison.
Là où les anciens avaient au moins le sens de la responsabilité et un respect de la fonction publique, les jeunes au pouvoir se sont montrés insouciants, motivés uniquement par leurs intérêts personnels. L’arrogance des nouveaux dirigeants contraste vivement avec l’humilité de certains des anciens, qui savaient reconnaître leurs erreurs et sollicitaient l’avis de conseillers avisés. Aujourd’hui, ceux qui prétendent nous gouverner agissent comme s’ils détenaient la vérité absolue, ignorant les voix du peuple et piétinant les principes qui devraient guider toute gouvernance.
Ils ont échoué à comprendre qu’au-delà de la jeunesse et de la modernité, ce sont les valeurs de respect, d’intégrité et de service qui définissent véritablement un bon dirigeant.
Leçons à tirer des anciens dirigeants
La comparaison entre les jeunes au pouvoir et leurs prédécesseurs montre une rupture alarmante dans la conception du leadership. Les anciens dirigeants, pour toutes leurs imperfections, avaient une conception plus noble du pouvoir.
Ils savaient que diriger un pays comme la Guinée demandait non seulement des compétences techniques, mais aussi une moralité à toute épreuve. Cette moralité se manifestait dans leur attachement à l’unité nationale, à la paix sociale, et à la préservation des ressources du pays pour le bien-être de tous. Alors que la jeunesse au pouvoir semble préoccupée par des querelles internes, des luttes de pouvoir et la satisfaction de ses intérêts personnels, les anciens, eux, avaient une vision de long terme, souvent fondée sur le développement et la stabilité.
Il est temps que cette génération, en qui tant d’espoir avait été placé, s’inspire des aspects positifs de l’héritage laissé par leurs aînés. Cela signifie apprendre à gouverner avec un véritable sens de la responsabilité, reconnaître l’importance de l’éthique dans la gestion publique, et comprendre que l’autorité s’exerce avant tout pour le bien commun.
L’avenir de la Guinée : retour aux valeurs fondamentales
Si la transition actuelle a prouvé quelque chose, c’est que la jeunesse seule, sans valeurs, ni morale, ne peut garantir un meilleur avenir. Ce n’est pas seulement l’âge qui compte, mais les principes qui sous-tendent l’action politique.
Nous devons revenir à ces principes fondamentaux qui ont, malgré les imperfections, marqué les premières générations de dirigeants guinéens :
Le patriotisme, l’éthique et la responsabilité. Il est temps de se réapproprier ces valeurs pour construire un avenir où la Guinée sera dirigée par des femmes et des hommes véritablement engagés pour le bien-être du peuple.
Mamadou Barry
Membre du FFSG