Le « Pouto » est un bonnet traditionnel de la région du Fouta, en Moyenne Guinée, l’une des quatre régions naturelles qui composent la Guinée. L’historique de ce bonnet remonte dans les années 1725, après la bataille de Talansan, qui a été menée par le royaume théocratique du Fouta. C’est après cette bataille que va être décidé de la création du bonnet « Pouto ». De son vrai nom « Kétin », le bonnet « Pouto » a été porté pour la première fois dans le Diwal (province) de Timbo, celui qui dirigeait tout le Fouta à l’époque. De 1725 à nos jours, ce bonnet a connu une évolution exponentielle dans sa conception mais garde toujours son originalité (artisanal).
Tout d’abord, dans sa conception. Une aiguille, des ficelles et un tissu blanc. Ce sont les trois matériaux qui sont utilisés pour la fabrication du bonnet Pouto. Plusieurs villes de la Moyenne-Guinée fabriquent le bonnet « Pouto », cependant, « ceux qui se sont beaucoup accentués sur la fabrication, la commercialisation et la vulgarisation du Pouto, les plus reconnus, c’est la sous-préfecture de Tolo », soutient Alpha Mamadou Bah, ressortissant de Tolo.
Au Fouta, jadis, ce bonnet était réservé à une catégorie de personnes dont on peut citer : les rois, les religieux, les patriarches et les riches. Et chacune de ses catégories sociales avait sa manière plus particulière de le porter. Selon notre interlocuteur, Alpha Mamadou Bah, les plis des bonnets représentent la catégorie sociale. « Ceux qui soulevaient tout le milieu du bonnet étaient des patriarches. Les rois, quant à eux, soulevaient une partie du bonnet et la partie soulever reste toujours devant. Ce qui montre que ce sont des dirigeants. Par contre, les chefs religieux eux, la partie soulevée du bonnet reste derrière. Ce qui veut dire qu’ils possèdent le savoir », explique-t-il. Outre, avec le train de la mondialisation, le bonnet « Pouto », est porté de nos jours, par toutes les catégories de personnes (hommes, femmes, jeunes, vieux).
Les motifs sur un bonnet « Pouto » ne sont pas fortuits. Ils représentent le Fouta théocratique. C’est-à-dire, les neuf Diwés (province) du Fouta (Labé, Bhouria, Timbi, Timbo, Kébali, Kolladé, Koïn, Fougoumba et Fodé Hadji). « Les huit motifs qui sont les accotés représentaient les huit Diwés. Et Timbo était représenté par le motif du milieu du bonnet, c’est lui qui dirigeait les huit autres », indique Alpha Mamadou Bah.
Du point de vue économique, la confection et la commercialisation du bonnet « Pouto », reste l’activité phare dans la sous-préfecture de Tolo. Certains arrivent tant bien que mal à subvenir à leur besoin. Et grâce à cette activité génératrice de revenu, l’impact de l’immigration clandestine se fait moins ressentir dans cette partie de la Guinée. « Chez nous, à Tolo, nous sommes constitués de cinq districts et dix-sept secteurs. Tout le monde fait le bonnet Pouto, grâce à la fabrication de ce bonnet, nous enregistrons moins d’exode rural. Les jeunes sont là-bas, c’est ce qui les retient, ils peuvent vivre de ça, soutiennent leurs parents, ils financent leur scolarité. Donc c’est pourquoi, quand vous y arrivez, vous trouverez des jeunes ils vivent de ça », fait remarquer Alpha Mamadou Bah.
Ce bonnet made in Guinea, conserve son originalité dans sa fabrication toujours artisanale, représente l’identité culturelle du Fouta Djallon mais plus largement de la Guinée. C’est pourquoi, Alpha Mamadou Bah, sollicite l’implication des autorités à tous les niveaux afin que ce bonnet intègre le patrimoine mondial de l’UNESCO. « Il serait mieux que le ministère de la culture pense à ce bonnet, parce que c’est un bonnet du point de vue historique, composition, durabilité, technicité dans sa fabrication, mérite d’être reconnu comme un textile ou bien comme un habillement artisanal du Fouta, de la Guinée, de l’Afrique et pourquoi pas du monde entier », plaide notre interlocuteur.
N’Famoussa Siby