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Tunisie : un plébiscite trompeur pour Kaïs Saïed

S’il en était besoin, le semblant d’élection qu’il y a eu hier en Tunisie vient nous rappeler qu’en Afrique, les dirigeants ont le mémoire courte. Autrement, ce n’est pas dans ce pays, berceau du printemps arabe, ce vaste soulèvement qui emportait tout sur son en passage il y a moins de 15 ans, qu’on s’amuserait aujourd’hui à tenter le diable. Parce que c’est bien cette appellation qui sied au comportement du président Kaïs Saïed. A 66 ans, le président tunisien qui brigue un second mandat, recourt aux techniques des autocrates pour prolonger son bail. Verrouillant l’espace sociopolitique, il se donne même le luxe de se choisir les adversaires à affronter. Et bien sûr, surfant sur la résignation d’une population lassée de se battre et sur le silence d’une communauté internationale ayant perdu sa légitimité de donneuse de leçon, il se fabrique un plébiscite à la soviétique. Plus de 89 %, tel est ainsi le score que lui attribue un sondage issu des urnes. Mais 89 % de moins de 30 % des électeurs. Voilà qui est bien trompeur et qui ne lui servirait pas à grand-chose, quand les Tunisiens décideront de se réveiller et de mettre un terme à cette confiscation d’une révolution pour laquelle ils auront pourtant tant donné.

Un président boulet

Ce sont 9, 7 millions de Tunisiens qui étaient attendus aux urnes hier dimanche 6 octobre. Mais selon les chiffres de sondages réalisés à la sortie des urnes, moins 2 700 000 d’entre eux ont effectivement voté. C’est dire que même si les instances officielles venaient à confirmer les résultats annoncés hier à la télévision nationale, Kaïs Saïed et ses partisans n’auraient pas à être fiers.  Parce que ces chiffres sont surtout révélateurs du fait que le président tunisien est devenu un boulet et un fardeau pour les Tunisiens. Ils en sont à se demander comment s’en débarrasser. Et il est vrai que la tâche n’est pas aisée quand on a affaire à un dirigeant qui, ne se préoccupant guère de son image et de sa réputation, ne se gêne nullement de violer les règles de jeu ou de soumettre les institutions à ses seuls intérêts. Un président qui embastille ses adversaires et qui prive les partisans de ces derniers de s’en plaindre. Un président qui, refusant d’admettre ses échecs économiques, explique ces derniers notamment par une instrumentalisation de l’immigration sub-saharienne.

Perspectives sombres

Mais que l’on ne s’y trompe guère, Kaïs Saïed n’est pas le seul à revendiquer toutes ces tares. Dans le monde en crise que nous vivons désormais, l’autocratie est peut-être la chose la mieux partagée chez nos dirigeants. Plutôt surprenant cependant. En effet, pour ce qui est du continent africain en particulier quand, au tournant de 2020, les dirigeants se sont mis à tomber sous les coups de boutoir d’une soldatesque qui se voulait refondatrice, les experts de tous les horizons y ont vu la fin d’une forme de démocratie cosmétique. Une démocratie qui ne s’incarnait, dénonçaient-ils alors, que dans la tenue d’élections dont les résultats étaient connus d’avance. Mais curieusement, les perspectives qui pointent ne guère meilleures. Ainsi qu’on le voit en Tunisie, la victoire de Kaïs Saïed ne surprendra personne. Comme celle de Mahamat Idriss Deby n’a surpris personne au Tchad. Et il en sera surement de même au Gabon, en Guinée, au Mali, au Niger et au Burkina Faso. Partout, les présidents sortants se succéderont à eux-mêmes, parce que tout est verrouillé d’avance.

Espoirs déçus

Mais le pire avec cette nouvelle donne, c’est qu’il n’y a personne pour lever le moindre doigt. Opposants et médias seront désormais à la merci des dirigeants autocrates. La Russie et la Chine ne sont pas connus pour leur venir au secours. Quant aux Etats-Unis et à la France, la montée des nouveaux acteurs leur ont appris à être plus réalistes. Et c’est ainsi que meurent les grands espoirs que la jeunesse du continent avait nourris dans l’intervalle 2000-2020.

Boubacar Sanso Barry

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