Le mardi 3 décembre 2024, Habib Marouane Camara, journaliste éditorialiste et administrateur général du site Lerévélateur224.com, a été kidnappé dans la capitale guinéenne alors qu’il partait à un rendez-vous avec l’homme d’affaires Kerfalla Person Camara « KPC ». Près de 10 jours après cet enlèvement, à Boké, les acteurs du monde de la presse, de la société civile et du monde politique condamnent fermement l’acte.
Dans une interview qu’il a accordée à notre rédaction, le journaliste, animateur et présentateur de la radio Kalac Kakandé, Mamadou Péthè Téli Diallo, n’a pas caché son indignation face à cet enlèvement d’Habib Marouane Camara. En plus de souligner la responsabilité du CNRD, il estime que cette autre situation en est de trop.
« Je suis sous le choc, je suis abasourdi, je suis dépassé. Je me demande même, comment peut-on continuer de la sorte ? Ce qui est beaucoup plus marrant dans tout ça, c’est quand on se rappelle les premières promesses faites par le CNRD disant que nous allons faire une gouvernance basée sur la justice. Aujourd’hui, moi, je peux dire que cette boussole annoncée par le CNRD est perdue. Le pays est même déboussolé. S’il y avait quelque chose qu’on reproche au journaliste Habib Marouane, le mieux qu’on puisse faire, c’est de porter plainte contre lui », regrette-t-il.
L’exercice du métier de journaliste n’a jamais été aussi menacé en Guinée que sous l’ère CNRD. Des médias sont fermés, des journalistes inquiétés. Selon le directeur de Kalac Kakandé, il est désormais nécessaire de se poser la question sur l’avenir du journalisme en Guinée sous le régime Mamadi Doumbouya.
« Il y a lieu de s’inquiéter désormais pour le métier de journaliste. Vous n’êtes pas sans savoir qu’au moment où nous sommes, il y a des médias qui sont fermés. On pense désormais que le journalisme ne peut exister, vous dénoncer, vous êtes convoqués à la HAC, vous dénoncez, vous êtes arrêtés, comme ce fut le cas de Marouane. D’autres journalistes ont même fini de fuir le pays », a-t-il déclaré.
Malgré les difficultés auxquelles les journalistes font face aujourd’hui, Mamadou Péthè Téli Diallo pense que les hommes de la plume ne doivent pas céder. Pour cela, il appelle à une grande mobilisation des acteurs pour la défense de la corporation.
« Le SPPG et tous les autres organes mis en place pour défendre la cause des journalistes doivent se réveiller pour la cause des dépositaires de l’information. C’est une obligation, ce n’est même pas une prière, pour qu’aujourd’hui tout ce qui se passe à l’endroit des journalistes et à l’endroit des médias puisse s’arrêter. Si on continue comme ça, notre métier ne va pas exister avec un pouvoir autoritaire, avec une dictature absolue », souligne-t-il.
Par la même occasion, notre interlocuteur révèle avoir reçu plusieurs menaces lui intimant d’arrêter les dénonciations au risque de se voir interpeller.
« J’ai reçu plusieurs appels pour me dire : arrête les dénonciations, arrête les écrits, sinon tu risques gros. La liberté n’a pas de prix, il faut se battre pour l’avoir, il faut continuer le combat. Je crois qu’avec le temps ce pouvoir va chuter. J’exige la libération d’Habib Marouane Camara », conclut-il.
Mamadou Bah, depuis Boké