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RD Congo-Rwanda : comment sortir de l’impasse ?

Dans le conflit qui déchire l’est de la République démocratique du Congo (RDC), si l’on veut dire les choses telles qu’elles sont, on ne devrait plus se limiter à opposer le Congo au M23. L’implication du Rwanda est si avérée que ce serait faire entorse à la réalité que de ne pas le mentionner et le reconnaître publiquement. Cette reconnaissance pleine et entière de Kigali est en outre d’autant plus nécessaire que la résolution de la crise passera par une identification claire des parties prenantes. C’est après seulement qu’il faut envisager les pressions à exercer sur les deux principaux protagonistes en vue de les contraindre à aller vers tout d’abord une cessation des hostilités, puis vers une solution politique pérenne.

En raison des risques divers et variés que les affrontements font peser sur les populations civiles, il est d’une impérieuse nécessité que tous les acteurs œuvrent afin que les armes se taisent dans l’est de la RD Congo. Certes, chacun des belligérants pourrait avoir des raisons compréhensibles de ne pas s’engager dans la voie de la désescalade. D’abord, le Rwanda, manifestement déterminé à étendre son territoire en s’emparant des régions du Nord-Kivu et du Sud-Kivu à la fois, pourrait estimer que la débandade des troupes congolaises lui offre la meilleure occasion d’aller au bout de sa logique. D’autant qu’au-delà des ressources qu’il pourrait tirer de l’exploitation des zones conquises, cela lui permettrait de neutraliser les quelques menaces qu’il a toujours perçues de la part du voisin. Des menaces incluant, à ses yeux, le pouvoir burundais. Quant à Félix Tshisekedi, il ne voudra pas se résigner à laisser les Rwandais s’emparer d’une ville aussi stratégique que Goma. C’est là une défaite inacceptable pour Kinshasa. Surtout que ses opposants ne tarderont pas à exploiter celle-ci à des fins politiques ou même à venir grossir les rangs de la rébellion du M23. De la part du président congolais, la tentation de s’engager dans une contre-offensive en vue de bouter l’ennemi hors des frontières congolaises pourrait en conséquence être grande. Mais la réalité est qu’en l’état actuel des forces en présence, la RDC n’est pas en mesure d’inverser la tendance qui lui est largement défavorable.

Les acteurs de la communauté internationale décidés à rapprocher les protagonistes devraient en premier lieu amener les Congolais à admettre cette dure réalité. À la suite de quoi, Tshisekedi et les siens devront privilégier les intérêts et préoccupations des populations civiles bloquées à l’intérieur de la ville assiégée de Goma. Plus d’un million de personnes qui pourraient être décimées par la guerre, la famine ou encore les maladies. Sans oublier les risques de viol et violences sexuelles contre les filles et les femmes. Ce carnage-là, il faudra l’éviter à tout prix. Mais les pressions doivent davantage s’accentuer sur Paul Kagamé. Certes, si le président rwandais peut se targuer d’avoir à disposition une des armées les plus redoutables de la région, cela ne devrait pas justifier qu’il veuille redessiner la carte régionale. Au risque de remettre en cause un équilibre plus que précaire. Mais pour le lui faire comprendre, on doit sortir des demi-mots et des approximations pour lui cracher la vérité. Bien sûr, il a le mérite d’avoir mis un terme à un génocide que certains ont laissé faire par leur lâcheté. Mais ce n’est pas une raison pour qu’on ne lui fixe pas des limites à ne pas franchir. Plus concrètement, il faut imposer à Kagamé de sortir ses hommes de la ville de Goma. Mieux, il faut qu’il apprenne une fois pour toutes que c’est dans l’intérêt de tout le monde que la souveraineté des pays soit reconnue et respectée.

C’est ici l’occasion de dire aux Congolais qui s’en sont pris hier aux représentations de certaines chancelleries dans la capitale que la solution n’est nullement dans ce type de réaction éruptive. Mieux, les Africains que nous sommes devrons savoir ce que nous voulons. Militons-nous pour une indépendance véritable comme le clame-t-on en Afrique de l’Ouest ? Alors, abandonnons cette logique qui nous incline à imputer aux autres nos moindres problèmes. Cela est peut-être difficile à admettre maintenant, mais la crise à laquelle le Congo est confronté est en grande partie de la responsabilité des dirigeants congolais, ceux d’avant et ceux d’aujourd’hui. Partant, elle est aussi de la responsabilité des Congolais dans leur ensemble. Admettre et accepter cela, tel est le préalable pour une indépendance à la fois vraie et décomplexée.

Boubacar Sanso Barry

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