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Conakry : une distribution gratuite de « Bazins » engendre le chaos

Ce mercredi 5 janvier 2025, le quartier Sangoyah, situé dans la banlieue de Conakry, est devenu le théâtre d’une agitation sans précédent du matin jusqu’à ce midi, après l’annonce sur les réseaux sociaux du don massif de bazins par la maison Bocoum Bazin. Véritable phénomène dans le pays, le bazin est un habit traditionnel très prisé, et son annonce de distribution gratuite a attiré des centaines de personnes venues de tous horizons.

Il est 12 heures sous un soleil de plomb, et la devanture de la boutique de Bocoum Bazin est saturée de monde. Hommes, femmes, enfants et personnes âgées se pressent dans une longue file d’attente qui s’étend bien au-delà de la boutique. Parmi eux, des élèves en tenue scolaire, aussi bien en kaki qu’en bleu blanc, se mêlent à des mères de famille et à des aînés cherchant désespérément un peu d’ombre sous des structures insuffisantes.

La scène, peu ordinaire pour un jour de semaine, est animée par des voix qui s’élèvent, parfois dans la colère. « C’est des bandits, ça. Nous sommes là jusqu’à demain, tant qu’ils ne sortent pas les bazins, on ne va pas quitter », s’écrie un homme visiblement frustré. Des scènes de mécontentement éclatent un peu partout, créant une tension palpable dans la foule. La rue est littéralement envahie, générant des embouteillages impressionnants qui paralysent la circulation pendant des heures.

Certaines personnes, qui affirment être arrivées dès 6 heures du matin, semblent déjà à bout de patience. « Moi, je suis venue ici à 6 heures, mais, jusqu’à présent, ils n’ont encore rien fait. Mais j’ai l’espoir », confie une jeune fille, arrêtée avec les mains aux hanches.

Cependant, selon des témoins, la situation ne se limite pas à Sangoyah. D’autres quartiers comme Tombolia, Lambangni et Yimbayah connaissent des scènes similaires. Au fur et à mesure que l’attente s’éternise, des altercations éclatent dans la foule. Des coups de poing sont échangés et des scènes de violence éclatent entre les bénéficiaires potentiels du don.

Les autorités locales n’ont pas encore réagi face à cette situation qui semble s’intensifier. Pour l’instant, l’espoir reste de mise chez les centaines de personnes qui patientent sous le soleil ardent, dans l’attente de la distribution promise, tandis que la situation continue de dégénérer dans les rues de Conakry.

Au moment où nous quittions les lieux, la boutique de Bocoum Bazin était encore fermée. Sur sa page officielle sur Facebook, un message circule et fait réagir les internautes : « Urgent : on veut être bon, mais c’est compliqué à cause du débordement, les autorités nous interdisent. D’arrêter et de ne pas ouvrir les boutiques, de disperser la foule immédiatement. Chers clients, on est en train de revoir la stratégie, SVP, on est désolé ».

Qu’est-ce qui peut expliquer une telle prise de risques devant les boutiques Bocoum Bazin? Faut-il y voir le succès d’un concept promotionnel ou bien le goût que les Guinéens ont pour la gratuité?

Thierno Amadou Diallo

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