En Guinée, comme ailleurs dans le monde, la Journée internationale des travailleurs a été l’occasion de faire une pause, de partager un moment convivial, mais aussi de réfléchir à la réalité du travail dans le pays. Entre détente et prise de conscience, les Guinéens ont marqué cette journée à leur manière.
À Conakry, dans les rues comme dans les foyers, l’atmosphère était au repos. Pour beaucoup, ce jour férié est d’abord un rare moment pour souffler. Amadou Justin Bandja, enseignant, y voit un temps de répit bienvenu.
« Le 1er mai reste pour nous une fête, malgré les difficultés du moment. C’est l’occasion de relâcher la pression. Personnellement, je profite de cette journée avec des amis autour d’un thé ».
Même son de cloche chez Mamadou Fooli Bah, élève en 12e année, qui a organisé une veillée amicale.
« En apprenant que c’était un jour férié, j’ai réuni mes amis pour une soirée de souvenirs. On a veillé tard, et aujourd’hui, c’est repos total. J’en ai même profité pour faire un peu de ménage », soutient-il.
Mais derrière ces moments de détente se cache une réalité bien plus préoccupante : celle d’un marché du travail précaire et saturé. Amadou Bailo Diallo, infirmier d’État et gestionnaire de pharmacie, souligne la fragilité de l’emploi en Guinée.
« Le 1er mai rend hommage à ceux qui se sont battus pour des droits. Or, ici, beaucoup de contrats sont en sous-traitance. Les travailleurs n’osent pas revendiquer leurs droits de peur de perdre leur emploi », indique-t-il.
Le chômage des jeunes, en particulier, reste une épine dans le pied du développement socio-économique. Pour Bandja, si les jeunes se débrouillent dans le commerce, l’agriculture ou les transports, cela cache mal le manque de véritables opportunités.
« La majorité des jeunes guinéens sont au chômage. L’État doit faciliter l’accès à l’emploi pour les diplômés et encourager l’investissement privé », martèle-t-il.
Ainsi, entre célébration et constat amer, le 1er mai en Guinée s’impose non seulement comme un temps de repos, mais aussi comme un miroir tendu sur les défis persistants du monde du travail.
Thierno Amadou Diallo