Le recensement administratif à vocation d’état civil (PN-RAVEC), lancé le 15 avril dernier, se poursuit sur l’ensemble du territoire national. Si les autorités insistent sur le fait qu’aucun citoyen ne doit être laissé de côté, la réalité est bien différente dans certaines localités, notamment en région forestière. C’est le cas des sous-préfectures de Womey et de Gouécké, dans la préfecture de N’Zérékoré, où le manque, voire l’absence totale de kits de recensement, est vivement décrié par la population.
Face à cette situation, les habitants demandent urgemment l’augmentation du nombre de machines pour faciliter leur enrôlement.
Rencontré à son lieu de culte, un prêtre de la paroisse de Gouécké indique : « Je vois les gens se rendre dans les centres de recensement, mais ils rencontrent d’énormes difficultés. Le problème principal, c’est le manque de machines. Dans les centres, il y a une foule énorme qui attend, mais beaucoup repartent sans avoir été enregistrés. Certains me disent qu’ils y passent la journée pour rien. D’autres attendent depuis plus de deux semaines ».
Selon plusieurs témoignages, les rares kits disponibles sont déplacés de district en district, créant une instabilité du service. Pour éviter que des citoyens ne soient exclus de ce processus, le religieux en appelle à l’intervention rapide des autorités : « On nous dit que le recensement ne durera qu’un mois. Si rien n’est fait rapidement, beaucoup ne seront pas recensés. Il faut multiplier les centres et envoyer davantage de machines ».
Dans certains villages comme Tokpata, le constat est encore plus alarmant. Aucun agent recenseur n’y a encore été aperçu depuis le lancement officiel de l’opération.
« Chez nous, à Tokpata, on n’a vu aucun agent. Pourtant, le président du district est informé. Quand on lui demande, il nous répond que les agents sont en chemin », raconte Kama Kolié, habitant de cette localité.
Même constat à Yonda, un district relevant de la sous-préfecture de Womey. Là-bas, Robert Duolamou témoigne : « Ils sont venus avec des fiches, mais on ne les a plus revus depuis. Personne ici n’a été recensé : ni moi, ni ma femme, ni ma mère. Si quelqu’un vous dit qu’il l’a été, c’est qu’il s’est déplacé jusqu’à Gouécké centre. Dans notre village, rien ».
À Loulé Nord, situé sur l’axe Beyla-N’Zérékoré, le chef de la jeunesse – également agent recenseur – dénonce quant à lui les conditions de travail des équipes sur le terrain.
« La population est très motivée à se faire recenser. On travaille sans souci avec eux. Mais nous, les agents, n’avons aucune prise en charge. Même pour boire de l’eau, c’est difficile », denonce-t-il.
À une semaine de la date butoir fixée au 31 mai, les difficultés logistiques et organisationnelles persistent. Si les autorités souhaitent tenir leur promesse d’un recensement inclusif, une réorganisation rapide et un soutien accru aux agents sur le terrain s’imposent.
Foromo Fazy Béavogui, depuis N’Zérékoré