Conakry a vibré au rythme du journalisme africain ce vendredi 27 mai 2025, à l’occasion de la première édition de la Rencontre des Journalistes Africains de Conakry (REJAC). Venus du Sénégal, du Burkina Faso, du Mali et de toute la Guinée, des professionnels de l’information ont uni leurs voix pour débattre des enjeux cruciaux qui traversent la presse à l’ère du numérique. Point d’orgue de cette rencontre : l’intervention du journaliste sénégalais Martin Faye, ancien de la RTS (Radio télévision sénégalaise et de la fondation Hirondelle) qui a brillamment analysé les relations complexes entre journalisme et intelligence artificielle. Une réflexion lucide et engagée, saluée par l’assemblée, sur la nécessité pour les médias africains de s’adapter sans renier leur mission fondamentale : informer avec rigueur et éthique.
À travers son intervention, il a mis en garde contre une fascination aveugle pour l’IA tout en appelant à une appropriation intelligente et éthique de cet outil par les professionnels de l’information.
« Vous savez que l’intelligence artificielle est un outil, j’allais dire, devenu viral, qu’on utilise dans tous les domaines, tous les secteurs de la vie aujourd’hui », a-t-il déclaré.
Selon lui, les journalistes sont aujourd’hui à un tournant crucial : celui de s’approprier l’IA de manière raisonnée et professionnelle.
« L’intelligence artificielle ne doit pas être une panacée pour les journalistes, produire à la place des journalistes, mais l’intelligence artificielle doit être un assistant de la production journalistique parce qu’elle peut faire gagner du temps, mais elle ne remplacera pas le jugement d’un bon journaliste », a-t-il souligné.
Martin Faye insiste sur l’importance d’intégrer la formation aux outils d’IA dans les cursus journalistiques, afin de garantir une utilisation réfléchie et productive dans les rédactions.
« Déjà, une première recommandation, c’est d’inclure la maîtrise des outils de l’intelligence artificielle pendant la formation des journalistes. Maîtriser, et ensuite pouvoir voir les opportunités, que l’on fasse de la radio, de la télévision, de la presse en ligne ou de la presse écrite », a-t-il martelé.
Il met également en garde contre les effets d’un usage incontrôlé. L’un des principaux risques évoqués par le journaliste sénégalais est la paresse intellectuelle, une tentation grandissante à déléguer entièrement la production journalistique à la machine.
« Beaucoup de journalistes vont penser que l’intelligence artificielle peut tout faire à leur place. Et effectivement, c’est possible que l’intelligence artificielle confectionne votre journal, présente votre flash d’information, produise votre reportage. Mais là, on tombe dans le domaine du plagiat, du bidonnage, simplement la paresse », a-t-il conclu.
Pour Martin Faye, le cœur du journalisme reste l’esprit critique, l’analyse humaine, la vérification et l’angle propre.
Thierno Amadou Diallo