De Kaloum à la haute banlieue de Conakry, sur l’autoroute Fidel Castro ou sur la route Leprince, le constat est identique : de plus en plus de personnes font du sport, au motif que la pratique est aussi un moyen de lutte contre le COVID-19. Sauf que la pratique observée par beaucoup brasse du monde et parfois provoque une certaine promiscuité. Et bien d’autres risques…
Nous sommes samedi 11 avril 2020. Il est 17h à Conakry. Le long de l’autoroute, plusieurs personnes, notamment des jeunes gens pratiquent le sport. En bordure de route, seul ou en groupe, ils courent dans les deux sens.
Alors qu’il est 17h 15, un groupe de jeunes filles -engagé dans une course de fond- débouche sur l’autoroute, en provenance du carrefour Cosa, situé à la hauteur. Se faufilant entre les véhicules par-ci, évitant les piétons par-là. Au rondpoint de la Tanerie, elles font un peu de gymnastique sur place avant d’entamer la montée aussitôt. Avant d’entamer le 2ème round de leur course, Maimouna sow, basketteuse, explique : « nos collègues jouent au foot dans le quartier, nous nous préférons la course. Il semble que le sport aide à lutter contre le coronavirus ». Mais, du haut de ses 70 kilos, Kadia keita, élève du lycée yimbayah, elle, n’en peu plus. Allongée sur le dos, les pieds en l’air, elle rappelle : « une collègue de classe qui loge à Enco5 a forcé la course avant-hier, elle a failli y laisser sa vie. Elle avait déjà un problème cardiaque.»
A 17h 35, dans le ravin situé entre Kissosso et Enta, deux quartiers sud de la commune de Matoto, l’embouteillage est au comble. Plusieurs automobilistes ont arrêté leurs moteurs. En ce moment, un spectacle inhabituel capte l’attention de tous : sur les deux bretelles et même sur le trottoir, de nombreux jeunes, garçons et filles, en tenues de sport, sont dans une espèce de sprints, montant et descendant des deux collines séparées par la rivière. A cet endroit, rapporte un chauffeur de taxi, un jeune coureur s’est fait renverser par un motard le mardi dernier : « à l’approche du pont, le jeune a voulu traverser pour continuer sur le trottoir du milieu. Donc, le motard l’a vu trop tard ! »
Au niveau du pont, un quadragénaire, après un aller-retour fait une pause. Dans un survêtement jaune, assorti d’une paire de sport, il s’étire, se courbe, se lève et distribue des coups de pied dans le vide. Interrogé, alors qu’il respire et expire à un rythme digne d’un footballeur à la mi-temps d’un match, il affirme : « cela fait longtemps que je n’ai pas fait ça. Mais, il semble que le sport aide à lutter contre le COVID-19 ».
De sa voiture, Dr Lambert en service à la clinique ‘’ Mère et Enfants’’ de Khabitaya, témoin de l’échange avec le vieux, admet : « l’activité physique stimule le système immunitaire, donc votre défense contre le coronavirus.» Toutefois, il conseil : « vous pouvez poursuivre votre activité physique, mais faites-la seul et en plein air. » L’activité physique, selon lui, induit une élévation de la ventilation pulmonaire : « celle-ci s’accompagne d’un renvoi accru de microgouttelettes dans l’air expiré. Donc, si votre partenaire de sport est contaminé sans qu’il ne présente un symptôme, il y’a risque de contamination. »
Il est environ 18h. En face du marché de Lansanaya-barrage, deux matchs de football (petit guichet) se jouent simultanément sur une espace vide de moins de 400 m2. Aux alentours de laquelle plusieurs autres personnes font des footings. « Depuis qu’il a été dit sur les réseaux sociaux que le sport préserve du COVID-19, tout le monde veut faire du sport », déclare un jeune spectateur. A cette heure, ajoute-t-il, en face du groupe scolaire ‘’Afrique Elite’’, sis à 700 mètres d’ici, une rencontre de football oppose les jeunes mariés aux célibataires du quartier .
Gilles MC