La sélection du jury va démarrer ce lundi au procès du chanteur déchu, poursuivi dans plusieurs affaires.
JUSTICE – Avec plus d’un an de retard à cause de la pandémie, la sélection du jury va démarrer ce lundi 9 août au procès à New York de la star déchue du R&B, R. Kelly, poursuivi dans plusieurs affaires pour de multiples abus sexuels.
Devant le tribunal fédéral de Brooklyn, le chanteur de 54 ans sera jugé notamment pour extorsion, exploitation sexuelle de mineure, enlèvement, corruption et travail forcé, sur une période allant de 1994 à 2018.
Actuellement incarcéré dans une prison de Brooklyn, R. Kelly a plaidé non coupable de toutes les charges. Après la sélection des jurés, les premiers témoins sont attendus à partir du 18 août.
Pendant plus de 25 ans, Robert Sylvester Kelly a été accusé de pédopornographie, d’agressions sexuelles ou de relations avec des mineures, jusqu’au soupçon d’avoir créé une secte sexuelle autour de lui.
Mais malgré ces accusations et plusieurs règlements à l’amiable, le chanteur, connu pour ses tubes I Believe I Can Fly, Bump ’N Grind ou encore Ignition (Remix), a conservé une solide base de fans et poursuivi ses tournées dans le monde entier.
#MeToo
Le monde de R. Kelly a vraiment commencé à s’écrouler en janvier 2019, lors de la sortie de la série documentaire explosive Surviving R. Kelly, qui a remis en lumière l’histoire sulfureuse du chanteur, cette fois dans une ère post-#MeToo.
En février 2019, des procureurs de Chicago, la ville de R. Kelly, l’ont inculpé pour abus sexuels aggravés sur quatre femmes entre 1998 et 2010, dont la plus jeune avait 14 ans au moment des faits.
Sept mois plus tard, toujours dans l’Illinois, des procureurs fédéraux l’ont inculpé pour pédopornographie et incitation de mineure à des actes sexuels, en l’accusant notamment d’avoir filmé ses ébats avec de jeunes filles et acheté le silence de témoins potentiels pour obtenir son acquittement lors de son premier procès en 2008, pour pédopornographie.
À New York, le musicien est accusé d’avoir abusé de six femmes dont l’identité n’a pas été diffusée. Mais beaucoup considèrent que l’une des victimes, appelée Jane Doe #1 dans le dossier, est en fait la chanteuse Aaliyah, décédée en 2001 dans un crash d’avion, à 22 ans.
L’acte d’accusation reproche en effet à R. Kelly d’avoir corrompu un fonctionnaire de l’État de l’Illinois en 1994 pour obtenir de faux documents et épouser une mineure. Une accusation qui renvoie au mariage, finalement annulé, du chanteur avec la jeune étoile du R&B, alors âgée de 15 ans.
“Défi pour la défense”
L’acte d’accusation détaille des faits sordides: R. Kelly dirigeait un réseau qui recrutait et préparait des jeunes filles à avoir des relations sexuelles avec lui, les enfermant dans leurs chambres d’hôtel quand il était en tournée, leur demandant de porter des vêtements amples quand elles n’étaient pas avec lui, de “garder la tête basse” et de l’appeler “papa” (“daddy”).
À Chicago comme à New York, les juges fédéraux ont refusé sa libération sous caution, invoquant un risque de fuite, de subornation de témoin ou le danger que représente le chanteur.
R. Kelly, qui doit aussi faire face à un front judiciaire dans l’État du Minnesota, pour des faits similaires, a toujours nié les accusations. “Qu’il s’agisse de vieilles rumeurs, de nouvelles rumeurs, de futures rumeurs, c’est faux”, a-t-il assuré dans une interview à CBS, avant les inculpations fédérales.
Pour l’avocate Gloria Allred, qui représente trois des victimes au procès new-yorkais, “les accusations sont très puissantes, elles remuent beaucoup” et “pour dire les choses gentiment, cela va être un vrai défi pour la défense”.
Kenyette Barnes, cofondatrice du mouvement #MuteRKelly (“Faites taire R. Kelly”), est optimiste quant à elle sur une condamnation qui donnera aux victimes présumées une chance de commencer à “guérir”.
Au contraire de 2008, où il avait été acquitté, “il y a cet effort concerté pour défaire la poupée gigogne que représente Robert Kelly”, a-t-elle déclaré à l’AFP. Lire la suite sur huffingtonpost.fr.