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DES TERRAINS POUR LES RETRAITES : n’est-ce pas ce qui est reproché aux régimes précédents ?

C’est une perspective heureuse que le gouvernement, via le compte-rendu du conseil des ministres de ce jeudi 3 mars 2022, annonce aux fonctionnaires ayant fait valoir leur droit à la retraite en 2021. Sur la base de critères qui restent à dévoiler, certains d’entre eux (sinon tous) devraient en effet bénéficier de terrains. L’initiative s’inscrirait dans le cadre de mesures d’accompagnement exceptionnelles préconisées par le président de Transition en personne. Dans l’absolu, au regard de la précarité de certains de ces fonctionnaires, la mesure pourrait être parfaitement compréhensible. Cependant, la perspective de sa mise en œuvre se heurte à quelques questions. Au nombre desquelles, on a celle qui a trait à la légitimité des nouvelles autorités à prendre de telles mesures. D’autant qu’à certains égards, l’attitude ressemble bien à celle qu’on semble reprocher aujourd’hui aux régimes passés.

Le premier grief qu’il convient de relever à propos de cette mesure en perspective, c’est son caractère de toute évidence inéquitable. En effet, comment voudrait-on que seuls les retraités de 2021 en soient bénéficiaires ? Pourquoi ce favoritisme ? En quoi ceux qui sont allés à la retraite avant l’avènement du CNRD à la tête du pays en seraient-ils indignes ? Surtout, sur quelle base juridique, voudrait-on prendre une telle décision ? Bref, on se rend aisément compte qu’on n’a pas pris le soin de réfléchir à tous les contours de la question. A moins qu’on ait voulu, cette fois encore, prendre une « décision souveraine et assumée ».

Au-delà, l’idée d’octroyer des terrains aux retraités contredit quelque peu un des arguments mis en avant par les autorités à propos de la campagne en cours de récupération des domaines dits spoliés de l’Etat. Un des motifs évoqués à l’appui en particulier de la récupération du patrimoine non bâti était qu’il fallait que l’Etat puisse recouvrer le patrimoine lui permettant, selon les nécessités, de réaliser des infrastructures d’intérêt général (écoles, routes, hôpitaux, espaces de loisirs, etc.). Comment se fait-il que le même Etat qui se plaint de spoliation en vienne à envisager l’octroi de terrains à des milliers de compatriotes, sans aucune base objective ? Ce faisant, en quoi les actes des autorités d’aujourd’hui seraient-ils différents de ceux des dirigeants précédents que l’on dénonce pourtant de nos jours avec tambours et trompettes ? Finalement, on ne peut qu’admettre que la cohérence n’y est pas.

D’autant qu’enfin, d’une part, on veut manifestement dans certains cas récupérer des domaines acquis en contrepartie de ressources versées à l’Etat, et que d’autre part, on veut en donner gracieusement. Ça fait clairement du deux poids deux mesures. Et avec un tel comportement, il sera difficile de réfuter la thèse du sélectif dans certaines actions menées ces dernières semaines.

En fin de compte, la mesure envisagée par le gouvernement à la suite d’une instruction du président de la Transition s’apparente à une opération de charme en direction des retraités que l’on sait frustrés. Les uns et les autres pouvant légitimement reprocher aux autorités une mise à la retraite qui a eu des allures d’humiliation pour eux. En effet, la communication autour des décrets ou arrêtés de mise à la retraite était empreinte d’un tel triomphalisme qu’au-delà d’une logique administrative des plus ordinaires, on a pu penser qu’il s’agissait de sanctions à l’encontre de fonctionnaires délinquants et ayant passé leur carrière à siphonner l’Etat. Or, avec la tension qui monte de partout à propos de la gestion de la Transition, le CNRD réalise la nécessité de calmer certains fronts. Avec les politiques qui manifestent de plus en plus leur agacement, le FNDC qui met en garde contre une transition qui s’éternise, les enseignants contractuels qui exigent leur recrutement à la fonction publique, les produits sur le marché qui sont de plus en plus inabordables à la veille du mois de ramadan, l’octroi de terrains aux retraités de 2021 relèverait presque de l’indispensable concession. Sauf que ni les bénéficiaires potentiels, ni les initiateurs n’en sortent forcément gagnants. Parce que la mesure fait penser au ticket de sortie jadis dénoncé du temps du CNRD.  Un ticket dont certains bénéficiaires ont été lestés depuis.

Boubacar Sanso BARRY

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