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ASSISES NATIONALES : pour quoi y faire ?

A l’issue du Conseil des ministres de jeudi dernier, les Guinéens ont appris que les Assises nationales que le président de la Transition avait annoncées dans son discours de nouvel an, débuteront finalement le 22 mars prochain. Mais au lieu de rassurer l’opinion publique, l’annonce de ce top départ suscite plutôt des interrogations de partout. D’autant que ces concertations ne semblent nullement avoir été préparées.

Dans son adresse du 31 décembre 2021, le président de la Transition, en annonçant l’organisation des Assises nationales courant première de 2022, avait pris le soin de préciser que ces dernières sont dénommées « Journées de vérité et pardon ». A coup sûr, tout le monde y avait vu un prélude à la réconciliation nationale dont on a tant parlé dans ce pays. Mais est-il possible qu’un débat portant sur un sujet d’une telle importance soit si peu préparé ? En effet, que savons-nous à date de ces Assises nationales ? Pas grand-chose. Précisément, sur quoi vont-elles porter ? Quel format prendront-elles ? Quels sont les résultats qu’on en attend ? Quels sont les acteurs qui vont y participer ? A chacune de ces questions essentielles, on n’a à date aucune réponse. On sait néanmoins que certains acteurs, devant à priori en faire partie, n’ont pas encore été saisis de la question. Il s’agit notamment des organisations de défense des droits de l’homme ou des associations des victimes. Or, une telle démarche aurait pu être un indicateur des préparatifs en cours. A 10 jours du démarrage, il convient d’avouer que tout cela n’a rien de rassurant.

Dans un tel contexte, il est à redouter que les assises soient en réalité bâclées voire même dévoyées. Le risque de leur dévoiement étant particulièrement élevé avec le rôle dévolu au ministère de l’Administration du territoire et de la Décentralisation, dans leur mise en œuvre. En effet, comment se fait-il que c’est au ministère en charge de l’Administration du territoire, et non celui de la Justice, qu’on confie la direction d’un débat portant sur la vérité et le pardon ? N’est-ce pas là le signe évident d’une réorientation implicite du contenu de ces assises ? La probabilité d’une telle tentation n’étant pas si nulle quand on sait les rapports plutôt étroits que les junte malienne et guinéenne entretiennent. Au Mali, ce sont les Assises de la refondation qui avaient accouché du chronogramme problématique. Or, il se trouve qu’en Guinée, le CNRD ne sait plus où donner de la tête à propos de ce chronogramme devenu un casse-tête pour lui. Ayant volontairement trainé les pieds, il espérait refiler la patate chaude au CNT. Or, se raccrochant à l’article 77 de la charte, les politiques et la société civile disent niet. En proie à la tourmente, les autorités peuvent donc être tentées d’utiliser les Assises nationales comme ultime parade. Ces dernières devant se tenir aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays, le CNRD pourrait alors vouloir exploiter le caractère légitime et inclusif de la démarche.

Mais il n’est évident que cette manœuvre aussi puisse fonctionner. Les uns et les autres pouvant ouvertement dénoncer l’instrumentalisation des Assises nationales à des fins autres que celles pour lesquelles elles avaient été pensées au départ.

Boubacar Sanso BARRY

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