Ce mercredi 24 août, le système éducatif guinéen était au cœur de la plénière du Conseil national de Transition (CNT). L’organe législatif de la Transition s’étant saisi des préoccupations de ce domaine stratégique, surtout depuis les derniers résultats avec des taux de réussite qualifiés de catastrophiques. A l’occasion, les trois ministres du secteur ont répondu aux questions que les conseillers avaient à leur intention. Des réponses dont on apprend bien de choses.
Sur les constats, le ministre de l’Enseignement pré-universitaire, au titre des réponses qu’il a fournies, a notamment révélé : « Aujourd’hui, la vérité est que les élèves n’échouent plus dans les classes intermédiaires même avec 6 de moyenne ». Or, à en croire Guillaume Hawing, cela résulterait surtout du déficit d’enseignants. « Nous avons un déficit d’enseignants de 19624 que nous devons combler ». Un problème auquel le ministre dit avoir déjà trouvé une solution. « Mon département promet d’engager les sortants de l’ISSEG et de l’ENI comme contractuels de l’Etat ». En plus, dit-il : « Aucun enseignant ne fera un transfert pour Conakry ».
Pour sa part, le ministre de l’Enseignement technique et de la Formation professionnelle trouve que le défi est la valorisation même de l’enseignement technique. De manière à ce que la formation professionnelle ne soit plus perçue comme le recours du désespoir. « L’enseignement technique n’est pas un lieu où on accueille tout ce qui ont échoué au bac. Il nous faut construire un système éducatif dans lequel nos enfants choisissent d’aller dans l’enseignement technique pour leur formation ». Et là aussi, Alpha Bacar Barry a déjà des idées pour lancer la mutation envisagée. « Cette année, nous ne recrutons pas tout ce qu’on nous envoie, je ne veux pas retrouver dans les écoles de santé en Guinée des diplômés de BTS, des gens qui n’ont pas le bac pour cette année il faut forcément avoir son bac », annonce-t-il à ce propos.
Cela passe aussi par la rationalisation des effectifs. « Nous avons décidé à l’entrée des classes en octobre, de réduire le nombre d’élèves à 25 par classe. Nous allons accueillir selon nos capacités puisque la pléthore d’élèves dans les salles de classe n’arrange pas », explique-t-il.
Dans sa communication, Dr Diaka Sidibé, ministre de l’enseignement supérieur de la recherche scientifique et de l’innovation, a déploré l’effectif pléthorique des étudiants dans les salles de classe et s’engage à mettre fin à ce système.
La maîtrise des effectifs, c’est également un chantier que voudrait mener la ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de l’Innovation. En effet, « l’effectif pléthorique ne facilite pas la formation des étudiants, ni la qualification et ni l’excellence », admet Dr. Diaka Sidibé. Mais en réalité, du diagnostic qu’elle a établi, la pléthore qui touche essentiellement les établissements de la zone de Conakry résulte de dysfonctionnements qu’elle s’évertue à corriger. « Avant, si on orientait 150 étudiants dans un programme de formation, derrière l’institution enregistrait tous ceux qui ne voulaient pas aller à l’intérieur du pays. C’est pourquoi nous avons supprimé les formations payantes dans les universités publiques pour mettre fin à ce système pléthorique dans les classes », annonce le ministre de l’Enseignement supérieur
Pour sa part, le président du CNT, Dr Dansa Kourouma, a rappelé que l’objectif du système éducatif est de produire des ressources humaines qualifiées, capables de répondre aux besoins de développement de la Guinée. Mais celui de la Guinée a un certain nombre d’insuffisances identifiées par les conseillers du CNT et dont le président décline ici quelques-unes :
- Faible niveau des enseignants ;
- Faible allocation et mauvaise utilisation du budget de l’éducation nationale ;
- Insuffisance d’infrastructures de formation ;
- Inadéquation entre les programmes de formation et les besoins du marché de l’emploi ;
- Disparités dans le déploiement des enseignants sur le territoire national.
A rappeler que ce débat sur le système éducatif était sous-tendu par la nécessité de poser un véritable diagnostic et apporter des solutions rapides pour sa qualification.
Balla Yombouno