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AFRIQUE DE L’OUEST : la parade souverainiste

Quand, à la suite des coups d’Etat au Mali, en Guinée et au Burkina Faso, les rares observateurs lucides ont prédit des lendemains qui déchantent pour cette partie occidentale du continent africain, on était loin d’imaginer l’ampleur du spectacle qui nous est aujourd’hui servi. Même s’il est depuis très longtemps admis qu’un putsch n’est pas une solution dans un pays, quelques-uns, du fait de la décrépitude qui prévalait dans les trois pays, se prenaient à rêver au miracle. Mais force est de reconnaître que celui-ci n’est pas encore au rendez-vous. On n’en prend même pas la direction. Bien sûr, les agissements empreints de condescendance de la France et plus globalement de toutes les puissances qui commercent avec le continent sont fortement condamnables. Mais il est très peu probable que la solution nous vienne des trois colonels qui régentent aujourd’hui nos pays.

Choix cornélien

Entre la peste et le cholera ! C’est à ce choix cornélien que les Africains ont souvent été confrontés. Faut-il se résoudre à collaborer avec l’ancienne puissance coloniale dont la perception dévalorisante de l’Africain demeure quelque peu figée ? Ou bien se résigner à se laisser exploiter jusqu’à la moelle par son frère Africain qui vous gave de discours souverainistes et de promesses lénifiantes ? A elles seules, ces questions symbolisent l’impasse dans laquelle le continent noir se trouve englué depuis plus de 60 ans. Il en était question tout juste au lendemain des indépendances. Et aujourd’hui, ces interrogations se sont incarnées dans les attitudes et les discours des autorités transitoires au Mali et en Guinée notamment.

Du Alpha sans Condé

En Guinée d’abord, le doute et l’incertitude sont tels qu’à peine un an après la chute d’Alpha Condé, la junte conduite par le colonel Mamadi Doumbouya a réussi la prouesse de ré-créer le contexte sociopolitique au nom duquel l’ancien président a été chassé du pouvoir. Les manifestations sont de fait interdites depuis cinq mois. Les mises en gardes et les suspensions sont servies aux médias à la pelle. Les quelques opposants qui osent encore faire valoir une opinion divergente à celle prônée par les autorités risquent tous les jours de se retrouver derrière les barreaux. Et quand la CEDEAO, lasse d’attendre, hausse le ton, elle a droit à des tirs croisés venant des autorités. Finalement, c’est Alpha Condé qui est parti. Ces méthodes, elles, demeurent. Parce qu’il convient de noter que ses tombeurs ont repris de lui jusqu’au narratif dont il s’était servi pour éloigner le monde extérieur de son projet de troisième mandat. A savoir le souverainisme.

Le nationalisme et le panafricanisme, ce sont là également les recettes dont se servent le plus les autorités maliennes. Tout au début, ça paraissait compréhensible. Tant il est vrai que les résultats de l’intervention française contre l’insécurité n’étaient pas si tangibles. Par ailleurs, vis-à-vis du colonel Assimi Goïta et ses camarades, Emmanuel Macron n’a été ni courtois, ni cohérent. Mais rien de tout cela ne rendent compréhensibles les attaques que le premier ministre, Abdoulaye Maïga, a réservées le samedi dernier à Mohamed Bazoum, Umaro Sissoco Embalo, Alassane Ouattara ou encore à Antonio Guterres. Cette sortie n’avait pas lieu d’être. Ce ne sont pas avec des sorties empreintes d’un populisme aussi manifeste que l’on viendra à bout de l’insécurité ou des nombreux autres défis auxquels le Mali et les Maliens font face.

Joutes oratoires

On peut même penser que cette posture qui puise ses racines dans un conspirationnisme que l’on a vu ailleurs est une parade. C’est un cri de ralliement. Il s’agit-là d’une stratégie savamment murie pour endoctriner les populations afin de les empêcher de demander des comptes à leurs dirigeants. Par-dessus tout, c’est le plus regrettable. Le cynisme qui amène à profiter de la vulnérabilité tant économique que psychologique de ces populations pour les convier à des combats auxquels elles ne comprennent pas grand-chose. C’est comme faire subir le viol à la mineure innocente, après l’avoir attirée dans son lit avec des sucettes. En réalité, la résolution des problèmes de ce continent requiert moins de joutes oratoires que d’actes réfléchis. Et ceux qui doivent en être porteurs se doivent d’être plus humbles que ceux qui paradent aujourd’hui au sommet de nos Etats.

Boubacar Sanso Barry

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