Nous vous en parlions précédemment. La partie civile qui a comparu hier devant le tribunal criminel qui juge les présumés auteurs du massacre du stade du 28 septembre, avait sollicité et obtenu le droit de déposer à huis clos. Ce qui s’était traduit par l’invitation faite aux médias de quitter la salle d’audience. Et ce n’est qu’après que nos reporters ont recueillis les réactions des différentes parties. Globalement, toutes comprennent le bien-fondé de la décision du juge relative au huis clos.
Si les avocats avaient sollicité la publicité de la comparution de la partie civile, en fin de compte, Me Pépé Koulémou, conseil de Moussa Dadis Camara trouve que la décision du tribunal était compréhensible. « C’est tout à fait normal. Il ne faudrait pas que quelqu’un soit heurté dans sa dignité. Je pense que le tribunal a été très sage en prenant une telle décision dans l’intérêt des personnes qui comparaissent devant le tribunal », confie l’avocat de l’ancien président de la junte du CNDD. Se prononçant ensuite sur le fond de la comparution de la victime, il invite au-delà de cette dernière, toutes les parties à s’évertuer à apporter les preuves de leurs allégations. « Il faudrait que ces femmes victimes de viol apportent des preuves des différents faits articulés contre nos clients. Moi je ne dirais pas qu’elle a été victime du viol, mais elle a déclaré à la barre qu’elle est la représentante de toute les victimes des événements du 28 septembre à la Haye. Nous lui avons demandé si elle en avait mandat ? Elle a répondu qu’elle n’a pas de document dans ce sens, mais en réalité moi je ne suis pas convaincu par ses réponses », indique également l’avocat.
Du côté des parties civiles, Me Halimatou Camara, salue pour sa part, le huis clos obtenu comme une première victoire. « Les gens ne sont pas suffisamment sensibilisés sur les Violence basées sur le genre (VBG). Ce sont des violences qui font que la victime est souvent marquée par un traumatisme et même ce qu’elle va raconter, il peut y avoir des zones d’ombre. Parce que tout simplement la victime est traumatisée », soutient l’avocate. Me Halimatou salue en outre le courage de la victime. « Elle a eu le courage de parler et de briser ce tabou, malgré le fait qu’elle soit une mère de famille, elle est restée une citoyenne qui aujourd’hui veut que sa dignité soit reconnue », souligne l’avocate.
Aminata Camara