En Guinée, la radio reste l’une des principales sources d’information pour la population, notamment dans les zones rurales. 72 radios privées et 34 radios rurales sont actuellement recensées[i] dans le pays.
Très appréciées des populations, les radios communautaires sont des médias de proximité largement suivis. Celles-ci sont envisagées avec une communication interactive entre la radio et les auditeurs. Des rencontres et des débats sont organisés au sein de clubs d’écoute et de cellules d’animation communautaire et les points de discussion sont remontés au niveau des radios pour prise en compte.
Pourtant, de nombreuses familles guinéennes ne peuvent pas bénéficier des opportunités qu’offrent les radios rurales et communautaires et n’ont pas accès aux informations, faute de moyens financiers pour investir dans un poste radiophonique ou dans des batteries. En Guinée, 57 %, des femmes et 41 % des hommes ne sont pas régulièrement exposés aux médias[ii].
En 2022, l’UNICEF a déployé un projet pilote qui a permis de fournir des radios solaires aux familles guinéennes les plus vulnérables et la création de consortiums regroupant 5 radios communautaires et rurales par région à travers le pays. Kodjovi Kouwonou, Spécialiste Communication pour le changement social et comportemental à l’UNICEF en Guinée, précise que « L’objectif de ce consortium est de renforcer les capacités et les compétences des acteurs des médias, d’amplifier les productions et la diffusion de programmes radiophoniques, afin de sensibiliser une large population sur les pratiques familiales essentielles et celles relevant de la lutte contre les épidémies. ».
La Guinée fait face régulièrement à une résurgence des maladies émergentes et ré-émergentes comme la Maladie à Virus Ébola, la fièvre Lassa, la fièvre de Marburg, la fièvre Jaune, la Rougeole et la Poliomyélite. Le pays continue de subir la pandémie de la COVID-19.
Pour rendre accessibles les informations vitales, notamment lors d’épidémies, l’UNICEF a distribué 10 000 radios solaires aux familles ciblées par rapport à leur faible revenu. Abdoul Aziz Fadiga, bénéficiaire d’une radio solaire, explique qu’en écoutant une émission de sensibilisation au sujet de la COVID-19 avec sa femme, elle a pris conscience de la gravité de la maladie : « Ma femme ne croyait pas en l’existence de la COVID-19, mais après avoir entendu des explications détaillées pendant une émission et le témoignage des invités, elle m’a demandé de l’accompagner au centre de santé pour se faire vacciner ».
L’UNICEF appuie aussi la production et la diffusion d’émissions de sensibilisation sur les pratiques familiales essentielles à la survie de l’enfant, à sa croissance et à son développement. « Depuis que j’ai reçu cette radio, j’écoute les émissions diffusées par la radio rurale de Kouroussa et la radio privée Baobab FM de Kankan. A travers ces radios, je reçois beaucoup de conseils sur l’importance d’aller au centre de santé, particulièrement pour les femmes enceintes, celles qui allaitent et pour les enfants », explique Aminata Komoh Kanté, habitante de la commune de Baro, dans la préfecture de Kouroussa. Les émissions radiophoniques abordant les pratiques familiales essentielles incluent aussi la prise de parole d’intervenants issus de la communauté comme Lucas Koromandja, qui participe aux émissions interactives pour sensibiliser à l’importance de la vaccination de routine : « Je suis porte-parole dans ma communauté, je m’implique, car je souhaite qu’aucun enfant ne soit paralysé des conséquences de la poliomyélite ».
En 2022, grâce au soutien de la Banque Mondiale et d’USAID, l’UNICEF a appuyé 35 radios rurales et communautaires des régions de Conakry, Kindia, Kankan, Labé, Mamou, Faranah et Nzérékoré pour la production et la diffusion de 488 émissions de sensibilisation. Ces émissions ont permis d’informer et de sensibiliser environ 4 130 800 personnes sur les pratiques familiales essentielles. 10 000 radios solaires ont été distribuées aux familles les plus vulnérables.
[i] Haute Autorité de la Communication (HAC).
[ii] Selon les données de l’Enquête Démographique et de Santé de 2018