Les relations entre la Guinée et le Sénégal pourraient-elles revenir au niveau où elles en étaient à la chute du président Alpha Condé, le 5 septembre 2021 ? Il faut bien le craindre. En tout cas, les autorités guinéennes n’ont guère apprécié le traitement récemment réservé à des ressortissants guinéens raflés dans les rues de Dakar et expulsés manu militari, en marge des manifestations ayant suivi la condamnation de Ousmane Sonko, le 1er juin dernier. En marge de la cérémonie d’ouverture officielle de la route Coyah-Farmoryah, ce samedi 17 juin, le premier ministre, Bernard Goumou a en tout trouvé que cette attitude s’apparente à une xénophobie contraire à l’esprit de la CEDEAO et même à du populisme tendant à prendre les étrangers vivant au Sénégal comme boucs-émissaires pour masquer des problèmes internes au pays de la Téranga.
La route Coyah-Farmoryah reliant d’une certaine façon Conakry à Freetown, elle est le symbole de l’intégration sous-régionale. Cette intégration que, selon le premier ministre guinéen, d’autres pays (allusion claire au Sénégal, ndlr) mettraient en mal en s’en prenant gratuitement aux étrangers vivant sur leur sol. « Il est désolant de constater que malgré cette vision panafricaniste du président de la République, le colonel Mamadi Doumbouya, qui s’est exprimée dès le 5 septembre 2021 par la réouverture des frontières guinéennes, closes depuis de longs mois, d’autres pays s’évertuent à brimer et à maltraiter des ressortissants de la CEDEAO en les prenant comme des bouc-émissaires dans des crises internes », a déploré le chef du gouvernement.
Au lieu de s’en prendre aux étrangers, Bernard Goumou recommande aux autorités sénégalaises d’opter pour le langage du dialogue avec les pays voisins. « La République de Guinée maintiendra sa politique du panafricanisme, mais exige que les autorités de ces pays arrêtent ces maltraitances à but populiste envers des communautés dites étrangères et d’engager très rapidement un dialogue fraternel pour la recherche de solution appropriée avec leurs voisins, comme il sied dans ce genre de situation », suggère-t-il alors.
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