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RD Congo : Martin Fayulu face à l’impossible choix

Participer ou ne pas participer ? C’est la question cornélienne à laquelle l’opposant congolais, Martin Fayulu, est confronté à six mois de la tenue théorique de l’élection présidentielle dans son pays. En raison de l’opacité du processus électoral, de l’inféodation des institutions à l’exécutif congolais et du désir irrépressible de Félix Tshisekedi de s’offrir un second mandat, ne pas prendre part à une bataille perdue d’avance serait compréhensible de la part des opposants dans leur ensemble. Mais le boycott lui-même n’aurait pas nécessairement un effet différent. En effet, les périodes où certaines pressions des opposants pouvaient avoir de l’influence sur les pouvoirs en place semblent quelque peu révolues sur le continent africain. Parce qu’avec l’alternative qu’entre autres Chinois, Russes et Turcs semblent offrir, les Occidentaux, sachant qu’ils ne sont plus aussi indispensables qu’ils l’étaient il y a quelques années, ne font plus dans le soutien flagrant aux opposants. Ils y vont désormais avec subtilité et peuvent même s’autoriser à regarder ailleurs, alors que la démocratie est menacée dans un pays.

Options improbables

Martin Fayulu en particulier est sur une ligne de crête. De lui, il est attendu un choix dans un lot d’options les plus improbables qui soient. D’abord, de l’acteur politique qu’il est, il serait incompréhensible voire même impardonnable qu’il se rende coupable de naïveté, en fonçant les yeux fermés dans un processus électoral verrouillé de bout en bout par le président sortant et ses hommes. Parce que le meilleur résultat qu’il pourrait en récolter serait de servir de caution à la réélection du président Félix Tshiskedi. Au regard de la tricherie à ciel ouvert dont il a été victime, il y a cinq ans, un tel péché serait tout simplement inacceptable de la part du leader de la coalition Lamuka. Mais s’il tirait un peu trop sur la corde, en exigeant des choses dont la réalisation pourrait prendre du temps, le pouvoir s’en servirait tout bonnement pour justifier un éventuel glissement. Et si c’est l’option de la chaise vide qu’il venait à préférer, les choses se feraient tout simplement à son insu.

Un certain réalisme

Parce qu’il n’y aurait pas grand-monde pour l’écouter et se préoccuper de ses complaintes. En tout cas, par les temps qui courent, ni Washington, ni Berlin, encore moins Paris ne semblent particulièrement disposées à porter assistance à des opposants en danger. Tout au contraire, les chancelleries occidentales sont occupées à faire ce qu’il faut pour ne pas se faire éjecter de tel ou de tel autre pays au profit de la Russie ou de la Chine notamment. On s’attend donc, dans un tel contexte, à ce que la communauté internationale fasse montre d’un certain réalisme vis-à-vis de ce qui va se passer dans les six prochains mois en République démocratique du Congo. Surtout que l’insécurité qui règne dans le pays et dans l’ensemble de la région incline à minimiser les risques, en n’encourageant pas l’opposition à s’inscrire dans une fronde d’envergure. Bien sûr, on n’exclut pas qu’on publie çà et là de temps en temps, une déclaration ou un communiqué pour recommander des corrections du processus électoral à la marge. Mais personne ne se risquera à pousser Tshisekedi et son régime à bout. A moins que Paul Kagamé, l’acteur majeur de la région qui ne porte pas le président congolais dans son cœur, ne se mêle à la danse.

Fayulu, la solitude

La position de Martin Fayulu est d’autant plus inconfortable qu’il ne peut même pas compter sur les autres leaders de l’opposition. En effet, si lui a susurré l’hypothèse du boycott, ce n’est pas le cas des autres membres du front des adversaires de Félix Tshisekedi que sont Moïse Katumbi, Delly Sesanga et Augustin Matata Ponyo. L’autre seul acteur majeur qui envisage également la stratégie de la chaise vide, c’est Joseph Kabila, l’ancien président de la République. Mais en réalité, on n’a pas l’impression que ce dernier fasse des rendez-vous électoraux de cette année des enjeux qui comptent particulièrement pour lui. De manière tout à fait assumée et visiblement stratégique, il s’est contenté de rester jusqu’ici à la marge. Ni en première ligne, ni dans le combat corps-à-corps. Indépendamment de cela, on imagine difficilement Martin Fayulu et Joseph Kabila travaillant la main dans la main contre Félix Tshisekdi. Le premier y laisserait sans doute des plumes quant à la cohérence de sa lutte. Bref, dans cette bataille-là, la position de Fayulu n’a rien d’enviable.

Boubacar Sanso Barry

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