En tant que tel, ce n’est pas nécessairement une information. Mais cette fois, ça a le mérite d’avoir été attesté par un institut habilité et à la suite d’un sondage. Il en ressort que les Guinéens, confrontés à de nombreux défis en rapport avec l’insécurité, ne font paradoxalement pas confiance à la police. Au contraire, une partie des citoyens trouve même que cette police en soi, est un facteur d’insécurité. Notoirement inefficaces et potentiellement portés sur la violence, les policiers guinéens sont perçus par leurs compatriotes comme étant majoritairement corrompus. C’est ce que révèle une enquête spéciale réalisée par l’équipe d’Afrobaromètre via Stat View International.
Le sondage réalisé en août 2022 a touché 1.200 adultes guinéens. « Un échantillon de cette taille produit des résultats nationaux avec des marges d’erreur de +/-3 points de pourcentage à un niveau de confiance de 95% », peut-on dans le rapport, le responsable de Stat View.
D’abord, par rapport à leur perception de la sécurité, 46% des sondés ont déclaré ne s’être pas sentis en sécurité dans leur quartier au moins une fois au cours des 12 derniers ayant précédé l’enquête. 40% d’entre eux disaient même avoir craint d’être victimes de crime à domicile. « Ces expériences d’insécurité sont en hausse depuis 2015 et sont plus fréquentes en ville qu’en milieu rural », soutient le rapport.
Quant aux opinions portant sur la police, seul un Guinéen sur neuf (11%) déclaraient avoir eu recours à l’assistance de la police au cours des 12 derniers mois. Plus du quart (27%) des enquêtés indiquaient avoir eu affaire à elle dans d’autres circonstances.
Parmi ceux qui ont demandé l’aide de la police, 40% disent qu’il était difficile d’obtenir ce dont ils avaient besoin, et plus de la moitié (54%) ont dû verser un pot-de-vin.
Parmi ceux qui ont eu affaire à la police dans d’autres situations, les deux tiers (66%) affirmaient avoir dû verser un pot-de-vin pour éviter des problèmes.
Il s’ensuit que 42% des répondants pensaient que « la plupart » ou « tous » les policiers/gendarmes sont impliqués dans des affaires de corruption.
Par ailleurs, l’enquête révélait que la majorité des Guinéens estimaient que « parfois », « souvent » ou « toujours », la police utilise une force excessive lors des manifestations (71%) ou avec les suspects de crime (71%), arrête les conducteurs sans raison valable (70%) et s’engage dans des activités criminelles (59%).
Seuls 22% des Guinéens disaient que la police agit « souvent » ou « toujours » de manière professionnelle et respecte les droits de tous les citoyens.
La majorité (58%) des citoyens ne sont pas satisfaits des efforts déployés par le gouvernement dans la lutte contre la criminalité. Pourtant, la « sécurité est un déterminant de la qualité de vie et devrait être garantie à chaque citoyen. Elle fait donc partie des devoirs des gouvernants », commentaient les auteurs du rapport.
N’Famoussa Siby
