La crise entre le ministre de la Justice et l’Association des magistrats de Guinée (AMG), s’achemine vraisemblablement vers un dénouement. Mais à coup sûr, Alphonse Charles Wright y laissera des plumes. Car la réunion qui s’est tenue hier entre le conseil supérieur de la magistrature, le Conseil d’administration de l’AMG, la Cour suprême et les hauts magistrats des cours et tribunaux du pays, à la demande, nous apprend-on, du président de la Transition lui-même, a retenu d’une part que les décisions de suspension de Moussa Camara et de Cé Avis Gamis, respectivement juge et substitut du procureur du TPI de Labé, étaient illégales, et que d’autre part, le ministre de la Justice, est sommé de les rapporter au plus tard le lundi prochain. En somme, il en résulte que le ministre a eu tort. On chercherait plutôt à trouver une voie de sortie qui affecte le moins son image et son autorité.
La rencontre avait été initiée notamment pour éviter le sit-in que les magistrats avaient programmé ce jeudi ainsi que la marche qu’ils projetaient le mardi prochain. Et d’une certaine façon, l’objectif en soi est atteint car les deux protestations ont été reportées. A condition néanmoins que le ministre notamment rapporte les décisions de suspension des deux magistrats du TPI de Labé.
Les résolutions ayant sanctionné la rencontre sont en effet les suivantes :
- L’unanimité relative au caractère illégal des actes de suspension ainsi que leur publication par voie de presse et sur les réseaux sociaux ;
- La nécessité d’avoir des approches de sortie de crise dans la légalité ;
- La recommandation faite à la Cour suprême de rendre dans un délai raisonnable, un arrêt d’interprétation des dispositions des articles 537 et 590 du code de procédure pénale ;
- La recommandation faite au CSM de rendre une décision de principe sur le sens des articles 38 et 39 de la loi L/054/CNT/2013 portant statut des magistrats :
- La mise en place d’une commission ad hoc à l’effet de faire rapporter par le Garde des sceaux les actes de suspension concernant les deux magistrats au plus tard le lundi 11 septembre 2023.
Cette dernière résolution, consécutive à l’unanimité qui s’est dégagée quant à l’illégalité des actes en question, sonne comme un « désaveu » pour le ministre Alphonse Charles Wright, dans son bras de fer avec l’AMG, face à laquelle il avait juré de ne pas « plier l’échine ».
Fort de la tournure des évènements, le Conseil d’administration de l’AMG ne relâche pas la pression. Si le ministre ne s’exécute pas, la manifestation reportée est reprogrammée le 15 septembre prochain. Comme pour dire qu’Alphonse Charles Wright a encore le couteau sous la gorge.
N’Famoussa Siby