En exil depuis pratiquement deux ans, le président de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG) suit de près la situation sociopolitique guinéenne notamment la conduite de la transition par le CNRD. Dans une interview accordée à Jeune Afrique, Cellou Dalein Diallo dont le retour en Guinée reste toujours incertain, a clairement admis être « déçu » du colonel Mamadi Doumbouya dont le putsch du 5 septembre 2021 avait pourtant été acclamé par l’ancien premier ministre.
Deux ans après l’arrivée du CNRD au pouvoir, c’est le désenchantement chez Cellou Dalein Diallo. « J’ai applaudi la chute d’Alpha Condé, parce qu’il exerçait un troisième mandat illégal et illégitime », a-t-il reconnu dans les colonnes de nos confrères. Mais il s’est empressé d’ajouter : « Mamadi Doumbouya n’a pas non plus respecté ses engagements… Alors bien évidemment, je suis déçu ».
Même s’il n’était partie prenante de l’accord entre la Guinée et la CEDEAO portant sur la durée de la transition, arrêtée à 24 mois, l’ancien premier ministre semble l’avoir intégrée. Encore qu’il ne croit que la junte est dans la volonté de s’en tenir à ce compromis dynamique. « La CEDEAO avait proposé que la transition dure deux ans, mais le CNRD a fait la liste des dix chantiers considérés comme prioritaires qu’il est impossible de terminer dans ce délai. Le tout avec un budget irréaliste de 600 millions de dollars, que la Guinée n’a pas ! Ils auront beau jeu de dire que nous ne pouvons pas aller aux élections parce que nous n’avons pas de nouveau fichier électoral… Un vrai marché de dupes », a analysé le leader de l’UFDG !
Pourtant, Cellou Dalein Diallo croit percevoir un traitement de faveur que la communauté internationale en général et les ‘’Occidentaux’’ en particulier réserve à la junte en Guinée. « Il faut croire que les Occidentaux préfèrent continuer à livrer leurs guerres d’influence et défendre leurs intérêts économiques plutôt que d’insister sur le respect des valeurs démocratiques. En Guinée, on ne les a pas suffisamment entendus lorsque certaines libertés fondamentales, comme le droit de manifester sur les places publiques, ont été suspendues. On ne les a pas entendus non plus lorsque des gens ont été tués en marge de manifestations », a-t-il ainsi relevé.
Il a néanmoins noté avec satisfaction l’exigence du respect du calendrier de la transition aussi bien par l’ambassade des Etats-Unis en Guinée que par la secrétaire d’Etat française au développement et à la Francophonie, Chrysoula Zacharopoulou, à l’occasion de son dernier passage en Guinée.
Redoute-t-il par ailleurs que Mamadi Doumbouya ne prenne goût au pouvoir jusqu’à décider de briguer un mandat ? C’est une éventualité que l’ancien premier ministre n’a pas exclue. « Le culte de personnalité dont il fait l’objet avec, notamment, la multiplication – à son initiative – de projets et d’actions populistes, son intérêt de plus en plus marqué pour le pouvoir… Tout cela fait effectivement craindre cette éventualité », a-t-il soutenu en effet.
N’Famoussa Siby