La tension était vive ce samedi 13 janvier 2023 au quartier Kagbelen-plateau, secteur Bas-fond, relevant de la commune urbaine de Dubréka. Le domicile du tuteur d’un présumé violeur d’une fillette de 7 ans, a été attaqué et littéralement vandalisé par des jeunes ivres de colère. Le présumé violeur lui-même avait été arrêté vingt-quatre heures plus tôt.
Le présumé violeur, Ibrahima Sory Camara, est rabatteur à Kagbelen. Ce samedi, le domicile de son tuteur M. Camara a été la cible des jeunes manifestants. Très en colère et venus en groupe, ils ont défoncé le portail de la cour avant de s’y introduire. Très vite, ils se sont rendus maîtres des lieux. N’épargnant aucune des bâtisses à l’intérieur de la cour, ils ont littéralement mis à sac toutes les chambres, majoritairement occupées par des locataires qui n’ont pu que constater les dégâts. Emportant certains biens, ils en ont incendié d’autres. En l’absence des services de sécurité, les propriétaires des lieux ont fui pour éviter à subir la colère des manifestants.
N’Famoussa Camara, couturier de profession, est un des locataires victimes. Il rapporte que les loubards sont arrivés une première fois dans les bandes de 7 heures du matin. Ce matin-là, ils se contentés de jets de pierres en direction de la cour. Puis, dans les environs de 11 heures, ils sont revenus cette fois pour s’attaquer directement à la demeure. « Nous ne connaissons rien de cette affaire. Ces jeunes sont venus s’attaquer à nos maisons en faisant sortir tous nos biens qu’ils ont brûlés devant nous sans que nous n’ayons pu dire quoi que ce soit. Nous étions impuissants devant la foule. Nous ne sommes que de simples locataires. Le jeune qu’il accuse de viol vient souvent derrière son père et d’autres disent que c’est son tuteur. Mais en le voyant physiquement, il n’a pas le visage d’un délinquant ou d’un violeur. Nous demandons aux autorités de nous venir en aide parce qu’on a tout perdu », plaide un autre locataire.
Ledit locataire accuse le chef de quartier de n’avoir rien fait pour les protéger. Au-delà, il trouve même que le chef de quartier ne s’implique pas suffisamment dans la gestion des problèmes auxquels le quartier est confronté. Des accusations que rejette le conseil de quartier. « Certes, admet Younoussa Traoré, secrétaire général du quartier Kagbelen- plateau, ce que ces jeunes ont fait est déplorable. On ne peut pas se rendre justice. S’il y a un problème, ce sont les autorités qui doivent intervenir ». Mais à certains égards, la colère des jeunes est compréhensible, à ses yeux. En effet, rappelle-t-il : « deux ou trois fillettes ont été violées et assassinées ici. Il y a eu aussi des cas d’assassinat ».
Mais selon le responsable du quartier, on ne peut pas soupçonner les autorités locales de passivité. « Depuis, les responsables se sont mis à pied d’œuvre pour mettre fin à ces pratiques. Et dans la journée de vendredi, un jeune a été arrêté. On nous a informés que c’est le fils à un voisin et qu’il a tenté de violer une fillette de 7 ans », se défend M. Traoré.
De fait, l’on nous rapporte une récurrence des cas de viol sur mineure dans la zone de Kagbelen plateau. Au point que l’on en enregistrait au moins un cas toutes les semaines. Et dans certains cas, le viol est suivi de l’assassinat de la victime. Pour ce qui est de ce dernier, des informations rapportent que le présumé auteur serait récidiviste. Il s’en vanterait même dans des vidéos que les gens se partagent sur les réseaux sociaux.
Au moment où nous quittons les lieux, les forces de sécurité étaient déjà déployées sur place.
Fodé Soumah