Deux semaines après la nomination de l’un des grands fauves de la politique guinéenne, en l’occurrence Bah Oury, pour occuper le Palais de la Colombe comme Premier Ministre, chef du gouvernement guinéen, quelle orientation prendra ce troisième gouvernement constitué dans la perspective de donner un autre sens à la transition dirigée par le Général de corps d’armée Mamadi Doumbouya ? La question se pose.
Maintenant que le nouveau Premier ministre s’est installé, et sa formation gouvernementale rendue publique le mercredi 13 mars 2024, les observateurs ont en face les acteurs dont ils vont suivre, apprécier, analyser et critiquer les actions. Ils sont au total 14 ministres reconduits, aux 15 entrants dont les 6 femmes qui sont plébiscités pour occuper les différents portefeuilles ministériels. Pourront-ils décrisper les crises en cours et donner une orientation plus plausible à la transition guinéenne.
Les interrogations qui se posent dans le contexte actuel de notre pays sont de savoir quelle est la définition que ces ministres vont faire de leur feuille de route ? Sauront-ils être à la hauteur des attentes comme le souhaitent les citoyens guinéens ? Savent-ils qu’ils sont nommés pour conduire la politique du Comité national du rassemblement pour le développement (CNRD) au pouvoir et non pour pourvoir à leurs besoins personnels aussi longtemps qu’ils sont au pouvoir ? Feront-ils en sorte que l’opinion ne s’inquiète pas de la gestion des membres de l’équipe de ce nouveau Premier ministre connu pour son intransigeance ? Parviendront-ils à faire le bon boulot qui ne compromettra pas tout le combat mené par leur chef Bah Oury dans le cadre de l’instauration de l’Etat de droit et de la démocratie en Guinée ?
Dans tous les cas, les citoyens ont de toute évidence un regard exigeant sur la conduite des affaires publiques. Ils scruteront toutes les décisions prises. Ils veilleront à ce que le référendum constitutionnel se tienne avant la fin de l’année 2024. Ils suivront l’évolution du recensement administratif à vocation d’état civil et du fichier d’état civil permettant à la future Commission électorale nationale indépendante (CENI) d’avoir une liste électorale acceptée par tous, y compris les membres des Forces vives de la nation.
Les citoyens continueront à observer les mobilités, les vies opulentes et démesurées de certains commis de l’Etat. Ils vérifieront le comportement et la bonne pratique de la morale et des mœurs des responsables du gouvernement et de l’administration publique. Ils commenteront sur la nécessité de la nouvelle orientation du Cadre de dialogue inclusif entre la mouvance présidentielle, les partis politiques et la société civile.
En effet, depuis l’arrivée du CNRD au pouvoir, le régime d’exception est à son troisième Premier ministre, chef du gouvernement. Le souhait de tous les Guinéens est de voir maintenant réussir et vivre l’aboutissement de la transition qui tend vers sa troisième année. Espérons que ce nouveau gouvernement mènera des actions tendant à temporiser les ardeurs et à satisfaire les attentes des citoyens guinéens.
C’est dans cette attente que les citoyens sont actuellement. Ils ont hâte de retrouver l’occasion d’élire leurs dirigeants. Le CNRD devrait savoir changer de paradigmes pour sortir le pays du marasme économique actuel, parce qu’il y a toujours des solutions, quelle que soit la profondeur de la crise.
Après plus de deux ans au pouvoir, voici venu le moment opportun pour le CNRD de situer le peuple sur la bonne orientation du régime afin d’éviter les bouleversements qui pourraient nuire aux intérêts fondamentaux du pays pour un retour à l’ordre constitutionnel.
Par Tidiane Diallo
journaliste