Toucher le plus grand nombre de citoyens afin de les sensibiliser sur les problématiques en rapport avec le maintien de la jeune fille à l’école, l’autonomisation des femmes ou encore la nécessité et les moyens de lutte contre les VBG, tel est l’objectif le projet régional d’autonomisation des femmes et le dividende démographique au Sahel (SWEED). L’idée étant d’amener à une évolution des mentalités, en vue d’inverser la tendance dans chacun de ces fléaux. C’est ainsi que le 6 mai, le siège local de l’ONG AGIL à Kankan, a servi de cadre pour un forum sur ces thématiques. La centaine de personnes qui a pris part à la rencontre a aussi débattu avec les responsables du projet de la masculinité positive.
Leaders religieux, hommes, femmes et jeunes filles leaders, personnes vulnérables ont discuté avec les sectoriels de la mise en œuvre de la campagne strongher together du projet SWEED à Kankan. Les sujets déroulés mettent en avant l’importance du maintien de la jeune fille à l’école mais également l’autonomisation des filles et femmes et les moyens de prévention contre les violences basées sur le genre. Cette campagne nationale de communication pour le changement social et comportemental se voulait une aubaine pour encourager différents acteurs à s’impliquer davantage dans ce combat mené par l’État guinéen et ses partenaires techniques et financiers, notamment la Banque Mondiale qui finance le projet SWEED. Le ministère de la Promotion féminine, de l’Enfance et des personnes vulnérables, sectoriel leader de cette activité attend des résultats tangibles au terme de la sensibilisation. C’est du moins le souhait de Douaré Ciré Fofana. « La campagne strongher together a commencé il y a un mois avec la mise en place des comités ici à Kankan mais aussi dans les deux autres régions du projet SWEED. Cette fois-ci, ce sont les causeries éducatives et la masculinité positive qui sont mises en œuvre. Les gens débattent du maintien de la fille à l’école, la santé sexuelle et reproductive, l’autonomisation des femmes et des filles qui est aujourd’hui un enjeu mondial et la lutte contre les VBG. Nous savons qu’aujourd’hui les questions de violences basées sur le genre sont récurrentes en République de Guinée. Notamment dans les trois régions d’intervention du projet SWEED. Les femmes subissent différents types de violences et on a réuni ces personnes pour qu’elles comprennent que la lutte contre les VBG, l’autonomisation des femmes et filles sont des enjeux majeurs. Car, il en va de l’intérêt de la nation. L’autonomisation des femmes est un axe central du ministère de la Promotion féminine, de l’Enfance et des Personnes Vulnérables parce que c’est la porte d’entrée des questions de femmes au niveau du gouvernement. Notre département s’attend à ce que d’ici quelques années, on ait beaucoup de femmes autonomes, indépendantes, beaucoup de filles maintenues dans les salles de classe et c’est ce que nous souhaitons avec notre partenaire SWEDD qui nous aide grâce à l’appui de la Banque mondiale », a-t-il indiqué.
En développant les thématiques sur la masculinité positive, le projet SWEED veut outiller les hommes de connaissances afin que ces derniers œuvrent inlassablement dans la promotion des femmes et filles, leur maintien à l’école et autres comportements pouvant aider la gent féminine. Le facilitateur pense d’ailleurs que la maîtrise de ces thèmes par chacun constitue un pas vers le développement auquel aspire notre pays. « La question de la masculinité positive vient aider les hommes à avoir les compétences par rapport aux questions de lutte contre les violences basées sur le genre. Elle amène les hommes à comprendre que certaines attitudes, certains comportements traditionnels peuvent être néfastes à l’épanouissement des femmes. C’est le cas de penser que seuls les hommes doivent aller à l’école, ce sont des conceptions qui ont été développées dans nos sociétés mais la masculinité positive dit que tous les êtres humains sont égaux. Il y a des sourates et des versets dans nos livres saints qui l’attestent et c’est cela que nous disons aux gens afin que les hommes concourent au combat », a souligné Cécé Honomou, chargé de projet au niveau de l’ONG Afriyan.
Dans le Nabaya, les participants sont satisfaits de ces causeries éducatives. Marie Bonamou, la vingtaine, promet d’être porteuse des messages du projet régional d’autonomisation des femmes et le dividende démographique au Sahel auprès des siens et de son entourage. A notre micro, elle invite les autres filles à étudier ou à apprendre un métier afin d’être autonomes dans le futur : « l’animation d’aujourd’hui m’a donné beaucoup de connaissances sur l’autonomisation des femmes, la scolarisation de la jeune fille et autres thématiques. J’invite les filles à prendre les études au sérieux car c’est en étudiant ou en apprenant un métier qu’on devient autonome à l’avenir », s’est-elle exprimée avec un sourire aux lèvres.
Le projet SWEED gagne du terrain à Kankan à travers ces interventions. Les départements du Plan, de la Santé, de l’Education, de la Promotion féminine et de la Jeunesse sont les sectoriels de la région qui sont touchés par cet appui de la Banque mondiale.
Michel Yaradouno, Kankan pour ledjely.com