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RD Congo : non à l’imposture de Joseph Kabila

Vendredi dernier, au lendemain de la levée de son immunité parlementaire, ouvrant la voie à sa poursuite par la justice militaire, l’ancien président congolais Joseph Kabila a rendu publique une longue déclaration. Dans celle-ci, il s’est principalement attelé à critiquer son successeur, Félix Tshisekedi. Il y dénonce tour à tour la déliquescence économique du pays, l’inféodation et l’instrumentalisation des institutions, ainsi que le refus du dialogue politique par les dirigeants actuels. Il va même jusqu’à imputer à Félix Tshisekedi la responsabilité de l’agression militaire que subit actuellement la RDC. Plus encore, Kabila se présente comme une solution à la crise multidimensionnelle qui secoue le pays depuis plusieurs mois, n’excluant pas au passage, le recours à un coup de force. Sauf que Joseph Kabila ne peut en aucun cas faire partie de la solution. Il incarne, à bien des égards, le cœur même du problème congolais.

Quel culot !

Il faut croire que nos dirigeants politiques ne manquent pas de culot. Car il en faut, et pas qu’un peu, pour que Joseph Kabila, dont le bilan à la tête du pays et les conditions de départ sont largement connus, ose aujourd’hui se présenter comme un messie. Certes, son successeur n’a pas été à la hauteur des immenses attentes qu’il avait suscitées. Et il est vrai que Kabila inspire une telle panique à Félix Tshisekedi que ce dernier semble s’acharner contre lui. Mais rien de tout cela ne justifie que l’ex-président se croit autorisé à duper les Congolais. Car c’est bien de cela qu’il s’agit : une tentative de manipulation de l’opinion.

Comme dans un livre ouvert

Joseph Kabila et Corneille Nangaa, l’ancien président de la CENI, sont particulièrement mal placés pour émettre la moindre critique à l’encontre de Félix Tshisekedi. N’est-ce pas eux qui ont contribué à son accession controversée au pouvoir, à travers un arrangement opaque méprisant la volonté populaire ? Face au tollé suscité alors, notamment dans les médias et certaines chancelleries occidentales, ils avaient invoqué la « souveraineté des institutions nationales ». Quand on s’est arrogé le droit de détourner le vote de tout un peuple, comment prétendre aujourd’hui défendre les principes démocratiques ? Après une telle trahison de la nation, avec quel sérieux Kabila peut-il dénoncer l’instrumentalisation des institutions ? Il est clair que l’ancien président prend ses compatriotes pour des naïfs. Pourtant, tous se souviennent des sacrifices consentis pour qu’il accepte enfin de quitter le pouvoir, à l’issue de ses deux mandats légaux, conformément à la Constitution. Il n’avait dû s’y plier qu’à la suite d’une lutte acharnée des Congolais et au terme d’un glissement de deux ans. Kabila peut bien multiplier les discours et enrober ses intentions de belles formules : en lui, les Congolais lisent comme dans un livre ouvert.

Recomposition des alliances

Plus curieux encore, dans son long laïus, pas un mot de condamnation à l’endroit des rebelles du M23, ni du soutien actif que leur apporte le Rwanda. Ce silence, au minimum, interroge. Il laisse entrevoir une forme de complicité, d’autant plus manifeste que l’ancien président annonce une visite prochaine à Goma, capitale du Nord-Kivu, occupée par les rebelles depuis fin février. Ce silence est d’autant plus incompréhensible qu’à l’époque où il était au pouvoir, Kabila dénonçait régulièrement l’appui de Paul Kagamé aux groupes armés de l’est. Il semble donc qu’une recomposition des alliances régionales se soit opérée. En conflit avec les autorités actuelles, l’ancien président n’hésiterait pas à pactiser avec ceux qui tuent, violent et déplacent les Congolais. Et après cela, il ose encore se poser en solution. C’est à n’y rien comprendre.

Variables d’échange

Il revient désormais au peuple congolais de barrer la route à cette imposture. De dire non à cette tentative cynique de manipulation. Car Joseph Kabila incarne l’un des visages du mal qui ronge le pays depuis l’indépendance. Le Congo souffre de l’irresponsabilité chronique de ses élites, qui n’ont jamais considéré le pays et ses habitants autrement que comme des variables d’échange au service de leurs intérêts. Agissant en chefs de clans plus qu’en hommes d’État, ces dirigeants sont prêts à précipiter le pays dans le chaos dès qu’ils ne peuvent plus profiter des immenses ressources que lui a offertes la nature. Il est temps que cette irresponsabilité prenne fin. Et cela commence par un rejet clair et net des manœuvres de Joseph Kabila.

Boubacar Sanso Barry

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